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Notice
Identification et lieu de conservation
IDC1044
TitreCHARPENTIER DE COSSIGNY à CONDORCET - 22 février 1779 (Paris, Archives de l’Académie des sciences, pochette de la séance du 24 février 1779)
Nature du documentOriginal
Lieu de conservationParis, Archives de l’Académie des sciences
Cotepochette de la séance du 24 février 1779
Intervention(s)
Expéditeur(s) et destinataire(s)
Instrument d’écriturePlume trempée dans l’encre noire
Dates
Date indiquée par le scripteur22.e fevrier 1779
Datation22 février 1779
Lieux
Lieu d'écriture indiqué par le scripteurL’Orient
Lieu d'écriture rétabli ou normaliséLorient ?
Lieu d'écriture indexé
Lieu de destination rétabli ou normaliséParis
Lieu de destination indexé
Papier et cachet
Description sommaire du papier

Cahier de 2 bifeuillets cousus de deux rubans bleus, in-folio, vergé écru, filigrané

Textes

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Transcription

[1 r] L’Orient 22.e fevrier 1779

Monsieur

Je suis extrêmement flaté que vous ayés employé quelques momens à lire la dissertation sur les moulins à poudre que M.r de Joannis a eu l’honneur de vous présenter de ma part. Le jugement favorable que vous daignés porter de [sic] ma méthode de fabriquer la poudre à Canon détruira, sans doute, tout ce qu’on pourra objecter contre son exécution.

Il est très vray, Monsieur, que dans les premiers jours de Juin 1760, je présentay à M.r de Mairan un Mémoire concernant le moulin à poudre que j’avais fait faire à l’Isle de France sur la fin de 1757, et j’en fis porter le modele dans la salle de l’Académie qui chargea M.rs de Montigny et Déparcieux d’examiner le Mémoire et d’en faire leur rapport.

Dans le même temps le feu Roy ordonna à l’Académie de choisir un de ses Membres pour aller examiner les salines de Salins, de Lons le Saulnier, et de Montmorot. Ce choix tomba sur M.r de Montigny qui partit peu de jours après pour aller faire son opérations [sic] dans la Franche-C., ainsi M.r Depacieux resta seul l’Examinateur de mon Mémoire.

Il serait fort inutile, Monsieur, que vous prissiés la peine de rechercher le jugement qui fut rendu [1 v] à ce sujet, parce qu’il n’en fut fait aucun rapport à l’Académie ; Mais ce qui se passa entre Mr Déparcieux et moy, mérite un recit à part que je joins à ma lettre. C’est la derniere indiscretion d’abuser de votre temps que je commetray, et que je vous supplie d’excuser.

Je n’ay aucune connaissance de l’éprouvette que M.r le Chv.r D’Arcy a inventée, Mais je suis très persuadé que tout ce que cet habile Académicien voudra traiter, approchera beaucoup de la plus grande perfection à laquelle il soit permis aux Mortels d’atteindre.

Je ne me suis servi à l’Isle de France pour toutes mes épreuves de poudre que du petit mortier et deson globe de cuivre.

À Besançon pour une singuliére épreuve que je fis je me servis de l’eprouvette de l’invention du feu P. Sébastien1Il s’agit de Truchet., Carme, Membre de l’Académie, et qui passait dans son temps pour un des plus habiles Méchaniciens de France. Cette épreuve singuliére que je ne fis que par amusem.t vaut la peine que vous la connoissiés.

En 1773, peu de temps avant d’envoyer de Bes.on à M.r de Boynes Ministre de la Marine le modele de mon moulin à poudre que je luy avais promis, je m’avisay de tenter à [sic] faire [2 r] de la poudre sur ce modele. Je mis sur l’un de ses paliers une quantité de salpêtre, de charbon et de soufre dans les proportions en usage au fameux moulin d’Arcier de 24 pilons, éloigné de deux lieuës de Bes.on.

La petite meûle de pierre du poids rélatif à celuy des meules du moulin de l’Isle de France, pese 10 onces, 2 gros. Deux de mes domestiques la firent tour à tour mouvoir pend.t six heures, avec une petite manivelle faite exprès ; j’avais soin de repousser sous sa voye la matiére que la préssion en écartait, et d’humecter cette composition d’heure en heure fort légèrement, afin de l’amalgamer pour la grainer lorsqu’à ma forte loupe je ne pourrais absolument dècouvrir le moindre arôme d’aucun des trois ingrédiens.

Je partageay toute la composition en trois portions égales. La 1.re portion fut grainée dans un tamis de parchemin criblé pour la poudre à Canon. La 2.e portion fut grainée dans un autre tamis pour la poudre ord.re dite de Munition. La 3.me portion dans un tamis plus fin pour celle de Chasse.

[2 v] Ces trois portions de poudre séchérent parfaitement beaucoup plus à l’ombre, qu’au soleil.

M’étant enfin muni des trois sortes de poudres fabriquées sous les pilons du moulin d’Arcier, et de celles du modele, nous allames les éprouver <sur> sur l’une des Tours-bastionnées et pavées de l’enceinte de Besançon.

M.r le Mq.is de Créqui Brigadier et Colonel du Régiment du Roi, Dragons, suivi de plusieurs Off.ers de son Regiment, l’Ing.r en Chef de la place aussi Brigadier d’inf.rie, un Con.er du Baillage très intelligent dans la Pyrotechnie et plusieurs autres personnes assisterent aux épreuves.

La première se fit avec la poudre à Canon du moulin d’Arcier.

La 2.e se fit avec la poudre à Canon faite sous la petite meule du modele. Sa force surpassa de deux degrés celle de la poudre à Canon d’Arcier. 2Bel et bien pas à la ligne.La 3.me épreuve fut faite de la poudre de munition du moulin d’Arcier

La 4.me fut faite de la poudre de munition fabriquée sous la petite meule ; sa force surpassa d’un peu moins de deux degrés, celle de munition du moulin d’Arcier.

Ces épreuves répétées donnerent les mêmes [3 r] {les mêmes} résultats ; Elles nous occuperent trop longtemps ; la Nuit vint, et nous ne pûmes éprouver la poudre de Chasse.

Je conviendray que la supériorité de force de la poudre du modele sur la poudre d’Arcier, pouvait bien ne provenir que de ce que celle cy était, sans doute beaucoup plus anciennem.t fabriquée par les pilons.

Admettons présentem.t que des poudres fabriquées des mêmes matiéres sous le choc des pilons, et sous la compréssion des meules, soient toutes d’égale force ; Il se peut que l’Air extrêmemt comprimé dans chaque grain de poudre par les coups redoublés du pilon, bien moins résseré par la préssion d’une meule d’un poids très modéré, infinim.t moins pressé entre les interstices d’un tas de grains réunis, il se peut, dis-je, |et| je ne doute, même pas, que tout ce volume d’Air qui de sa nature propre tend à se dilater, ne contribue en partie à la violence de la poudre.

Mais j’ose croire que c’est bien plus tôt cette petite portion plus et [sic] moins copieuse d’un fluide élastique, éssence élémentaire, ce Phlogistique enfin, substance presque invisible, connue des Chymistes, qui mise en action par le feu, excessivem.t exaltée par l’explosion subite, chasse si loin bombes et boulets, souleve et bouleverse les Tours entieres et les Bastions à proportion de son [3 v] volume, et de la gêne dans laquelle elle est plus et moins contrainte.

C’est ce que je n’ay pas osé avancer dans ma brochure, pour ne pas m’engager dans une discution qu’à quatre vingt onze ans je n’aurais, peut-être, pas le temps d’en [sic] voir la fin.

Mais quelque douteuse que soit mon Assertion, je n’en suis pas moins pour une compréssion modérée, capable de bien mêlanger les matiéres, et suffisante pour étendre égalem.t ce phlogistique.

À ne s’en tenir encore qu’à la vraysemblance, on aurait toujours grand tort, ce me semble, d’exposer la vie de tant d’Ouvriers qui se destinent par nécessité à la fabrique de la poudre dans les moulins à pilons, et de se condamner soy même gratuitem.t à de fréquentes reconstructions de tout ce que les accidens du feu détruisent.

J’ay tiré bien souvent dans ma jeunesse sur des lièvres, sur des sangliers ; J’étais obligé chaque fois d’éssuyer le bassinet de mon fusil avant de le recharger. Il est aussi nécessaire de bien laver à plusieurs reprises l’intérieur d’un[e] Arme à feu dont on se sert. Je voudrais bien qu’on me dit [4 r] d’où provient, dans un jour bien chaud, bien sec, cette humidité onctueuse répandue sur le bassinet de mon Arme, si ce n’est, comme je l’ay toujours pensé, de cette petite portion d’huile élémentaire contenue dans la petite quantité de poudre qui remplit le bassinet, laquelle portion exaltée autant qu’elle peut l’être par l’explosion de chaque grain, reste sans force après avoir fait tout son éffort, mais sensible et visible au doigt et à l’oëil.

J’ay l’honneur d’être avec tout le respect possible Monsieur Votre très humble, et très obéissant Serviteur

Cossigny

[4 v vierge]
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Contenu

Se réjouit que C. ait jugé positivement sa « dissertation sur les moulins à poudre » que de Joannis lui a communiqué [cf. IDC 2670]. A présenté début juin 1760 un « Mémoire concernant le moulin à poudre » dont aucun rapport ne fut rendu. « [C]e qui se passa entre Mr Déparcieux et [lui] » à cette occasion « mérite un recit à part [non retrouvé] » qui accompagne sa lettre. Relate les expériences qu’il a menées en 1773 avec diverses sortes de poudre. Pense que « la violence de la poudre » est causée par le phlogisitique, idée qu’il n’a pas osé émettre dans le mémoire transmis à C., de crainte de « [s]’engager dans une discution » interminable étant donné son âge de 91 ans. Considère que la compression des matières composant la poudre doit être « modérée », ce qui éviterait bien des accidents.

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