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Notice
Identification et lieu de conservation
IDC1198
TitreFrançois GENCY aux membres de l'Académie des sciences de Paris - 1er février 1792 (Paris, Archives de l’Académie des sciences, pochette de la séance du 1er février 1792)
Document de référenceOui
Statut éditorialLettre retenue
Nature du documentOriginal
Lieu de conservationParis, Archives de l’Académie des sciences
Cotepochette de la séance du 1er février 1792
Intervention(s)
Expéditeur(s) et destinataire(s)
Instrument d’écriturePlume trempée dans l’encre noire
Dates
Datation1er février 1792
Papier et cachet
Description sommaire du papier

Cahier de 3 bifeuillets in-folio cousus par deux faveurs bleues, vergé azuré, filigrané

Textes

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Note : nous suivons la pagination indiquée sur ce document en complétant toutefois celle qui est absente sur certains feuillets.

Transcription

[1]

Mémoire en forme de Lettre,
adressé à Messieurs de l’Academie Royale des Sçiences de Paris.
1.er fevrier 1792

[1 bis vierge] [1 ter]

A Messieurs de L’Academie Royale des Sçiences de Paris.

Messieurs,

Tout ce qui se rapporte aux Sciences et aux Arts etant de votre Domaine, MM. les Administrateurs du Département de Paris ne pouvoient mieux faire que de renvoyer par devant vous l’examen du Canal d’Argenteuil avant de l’admettre ou de le rejetter.

Un seul coup-d’oeil jetté sur la Carte des lieux que ce Canal doit parcourir vous suffira, Messieurs, pour vous en faire sentir d’abord la possibilité physique, et tous les avantages qui résulteroient de son exécution pour le Commerce respectif des villes de Paris et de Rouen.

Ce projet de Canal, dans sa généralité, embrasse trois parties indépendantes les unes des autres, et ont chacune leurs avantages particuliers qui me paroissent dignes, Messieurs, de fixer votre attention.

La premiere partie Est une Communication de la Seine à la Seine, qui iroit d’Argenteuil à Sartrouville en ligne assez sensiblement droite, et dont la longueur [2] totale seroit de 3500 toises. Pour rendre cette premiere partie de Canal naviguable, une seule écluse seroit suffisante, et son Emplacement le plus favorable seroit dans le voisinage de Sartrouville. Je n’entrerai point ici dans les détails de cette Entreprise, ils sont purement du ressort de l’Artiste, et ce seroit, Messieurs, abuser de vos momens que de vouloir vous en entretenir. Je passerai donc tout de suite au développement des avantages particuliers que procureroit cette premiere partie de Canal : ils sont au nombre de trois, qui meritent d’etre pris en grande considération.

1.o C’est un fait incontestable qu’il y a 6 lieux 1 2 de Sartrouville à Argenteuil, c’est à dire, en suivant le cours de la riviere, et que par le Canal proposé il n’y en aura qu’une et demie. La Navigation de la Basse Seine, au moyen de ce Canal, sera donc abrégée de cinq lieues, et tel est le premier avantage qui doit en résulter.

2.o Depuis l’établissement de la fameuse Machine de Marly, tout le monde sait qu’il a fallu creuser un faux bras de riviere pour ne pas intercepter la navigation de Rouen à Paris, et réciproquement de Paris à Rouen. Mais ce qui n’est guères connu que des Negociants, et mieux encore des Mariniers de la Basse Seine, ce sont les difficultés qu’ils éprouvent à remonter ce faux bras de riviere, vulgairement appelé la Riviere Neuve, et qui nécessite depuis 20 jusqu’à 30 chevaux pour vaincre la résistance du courant dans cette partie de riviere. [3] Le Canal proposé les en affranchit absolument, et c’est le second avantage qu’il procurera.

3.o Ce qui doit maintenant, Messieurs, fixer encore plus sérieusement votre attention, c’est le fameux pertuis, appelé vulgairement le trou de la Morue, lequel se trouve à l’extrêmité supérieure de la Riviere Neuve, un peu au dessous du village de Besons, et qui oblige quelquefois à employer la force de 60 chevaux pour franchir ce dangereux passage, l’effroi des Mariniers de la basse Seine. Je dois encore vous ajouter, Messieurs, qu’on ne sort pas toujours victorieux de ce redoutable pertuis ; que depuis un siecle environ, il est très possible que plus de cent personnes y ayent perdu la vie, et le Commerce des sommes très considerables qui ont ruiné, ou dérangé sensiblement la fortune de plusieurs Maisons. L’exécution de cette premiere partie de Canal rémediroit absolument aux dangers du trou de la Morue, et voilà le troisième avantage qu’on en retirera.

La seconde partie du Canal dont il s’agit maintenant, est encore une Communication de la Seine à la Seine, tirée en ligne exactement droite depuis Anieres jusques à Colombe, et dont la longueur totale seroit de 2420 toises. Cette seconde partie de Canal ne présente aucune difficulté dans son exécution, et n’exige, comme la premiere, qu’une seule Ecluse pour être parfaitement naviguable.

Les avantages particuliers qu’on retireroit de ce Canal sont de deux sortes. 1.° Il abregeroit la Navigation d’Argenteuil à Anieres de près de trois lieues. 2.° quatre [4] chevaux suffiroient dans tous les tems de l’année pour tirer les plus forts bateaux, aulieu que par la riviere on ne peut jamais en employer moins de dix. Il arrive même assez souvent qu’on est obligé d’avoir recours à des renforts de deux, de quatre et de six chevaux, pour surmonter la violence du courant en plusieurs endroits de cette partie de riviere. Il est donc évident que cette seconde partie de Canal procurera encore une économie sur le tems et sur la dépense, et que ces deux avantages réunis méritent sans doute d’être appréciés.

La troisième et derniere partie du projet que l’on propose, est un Canal de 1200 toises de longueur, qui emprunteroit ses Eaux à la Seine, vis-a-vis le village d’Anieres, et qui viendroit aboutir à une Garre assez vaste pour recevoir les Bateaux de la basse Seine, ainsi que ceux des rivieres d’Aisne et d’Oise. Cette Garre seroit située entre le village de Monceaux et l’Entrée de Paris par le faux-bourg du Roule. Cet emplacement semble avoir été disposé tout exprès par la nature pour y former un Port qui ne tarderoit pas à devenir un Entrepôt général de toutes les marchandises qui arrivent à Paris du Havre et de Rouen &ca.

C’est relativement à ce Port, qui serviroit en même tems de Garre et de refuge aux bateaux de la basse Seine, que MM. les Administrateurs du Département de Paris vous sollicitent singulièrement, Messieurs, de leur faire part de vos lumieres, et de les rassurer quant à la salubrité des Eaux de cette Garre. M.r Demoustier, Ingénieur des ponts et chaussées, pense qu’elles y seront dans une immobilité absolue, et que faute de pouvoir se renouveller, [5] parce que, dit-il, elles n’ont qu’une Entrée et point de sortie pour leur écoulement, ces Eaux croupiront dans leur bassin qui deviendra bientôt un Cloaque infect, par l’effet des chaleurs de l’Eté.

Permettés moi, Messieurs, de vous exposer mes principes pour dissiper ces craintes qui ne me paroissent nullement fondées en raison.

1.o C’est un principe connu de tout le monde, que l’eau renfermée dans des vases qui se communiquent s’y mest [?]1Lire met. dans tous d’un parfait niveau. L’Eau de la riviere et celle de la Garre, qui se communiquent par un Canal de mille toises de longueur, se maintiendront donc toujours à une égale hauteur, et sans la plus légère différence. Il ne pourra donc arriver aucun changement à la riviere, soit en augmentation, soit en diminution, que la Garre n’y participe pleinement et entierement ; et de ce Mecanisme naturel, on verra naître dans cette Garre une espece de flux et reflux qui entretiendra sans presqu’aucune interruption la mobilité et le mouvement de ses Eaux, qui les renouvelleront même assez souvent, de maniere que leur putrefaction que l’on semble craindre ne sauroit avoir lieu.

2.o Les pluies abondantes qui tombent dans notre climat, suffiroient seules pour garantir les Eaux de la Garre de pouvoir jamais s’infecter.

3.o Les vents d’Ouest, Nord-Ouest, et Nord-Est qui regnent le plus ordinairement à Paris, contribueront encore merveilleusement à entretenir la salubrité des Eaux de cette Garre, par la raison qu’elles en seront presque continuellement agittées, battues et rafraichies. On voit donc de plus en plus [6] qu’il n’y a rien à craindre du pronostic de M. Demoustier.

4.o De toutes les causes qui concourent à la putréfaction des Eaux, celle qui agit avec le plus de force et d’efficacité, c’est la mauvaise nature des terreins sur les quels ces Eaux se reposent. Mais dans la Garre projettée, il n’y a rien à redouter de la mauvaise qualité des terres qui pourroit en altérer la pureté. La Nature du sol est parfaitement connu[e], et l’on peut assurer, que depuis sa surface jusqu’à plus de 50 pieds de profondeur, on ne rencontre qu’un sable propre à bâtir et mélangé d’un gros gravier. Or les Physiciens savent que l’eau qui repose sur un pareil fonds pourroit y dormir pendant l’Eternité, sans éprouver la moindre altération.

Quoique toutes ces raisons m’ayent paru plausibles, et comme irréfraguables ; plein de confiance et de respect pour les lumieres de Messieurs de l’Academie, je me renferme aujourd’huy dans un doute modeste, et je ne croirai avoir gain de Cause contre M.r Demoustier que lorsque vous aurez eu la bonté, Messieurs, de prononcer votre Jugement.

Permettés moi, Messieurs, de saisir cette occurence pour vous assurer du respect profond avec lequel je suis, Messieurs, Votre très humble et très obeissant serviteur

Gency.2Signature avec paraphe bouclé, encadrée de part et d’autre par deux traits légèrement obliques.
Ingenieur en hydraulique.

Paris ce 1.er fevrier 1792.

[7-10 vierge]
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Contenu

Présente ce qu’il estime être les avantages de son projet de canal d’Argenteuil. S’oppose aux administrateurs du département de Paris et à l’ingénieur des Ponts et Chaussées Demoustier concernant la troisième partie de ce canal, « qui emprunteroit ses Eaux à la Seine, vis-a-vis le village d’Anieres, et qui viendroit aboutir à une Garre assez vaste pour recevoir les Bateaux de la basse Seine, ainsi que ceux des rivieres d’Aisne et d’Oise ».

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