Transcription
[1 r] Messieurs
En Rendant hommage aux illustres scavants qui Eclairent les siecles, je crois quils ne dedaigneront pas detre instruits des particularitées dun petit monstre par Exçes que jay Elevé avec soin et qui sest noyé la semaine dernière.
Au mois de may dernier ma cuisiniere acheta par hasard au marché de cette ville un poulet que je sauvay du fer meurtrier qui allait en faire un chapon, sur ce que jobservay quil avait trois pattes, ayant Recommandé den prendre soin je visitois souvent ce poulet lorce qun jour je luy appercus un peloton de fiante au derriere,
Examinant ce poulet de pres je vis q’uil avait deux anus, mon interest augmenta,
ce poulet noyé jay fait venir chez moy m.r
Gregoire chirurgien intelligent de cette ville pour en faire sous mes yieux la dissequetion voicy messieurs le Resultat de [1 v] Nos observations.
Ce jeune coq monstrueux ayant deux jambes naturelles, et une troisieme a l’endroit ou lanus devait etre, cette troisieme ne prenoit son origine que dans la peau, a ses parties lateralles etoint deux petits anus par ou il rendoit ses Excrements,
En ayant fait louverture nous avons observés q’uil ny avoit de separation des anus que la jambe En question le Rectum etait a la grosseur ordinaire jusqua quatre doigts, mais de lunion du Rectum au colon il y avait laterallement de Bas en haut suivant le colon trois appendices dont 2. de longueur de 7. pouces et une de cinq q’uon pouroit nommer scavoir les deux premieres appendices digitales auriculaires et la troisieme vermiculaire, lesquels etoint unis au colon par le mesocolon, les deux <premieres> premiers etoint plus gros que le colon celuy ci plus gros que le troisieme dans les quels il ny avait q’une liqueur jaunatre et de lair comme sils avaint eté souflés, lendroit de leur fond etoit bien plus plus gros que celuy de leur ouverture ils etoint ouverts a leur origine au rectum ou commencoit leur Bifurcation. Nous avons observés que les testicules netoint que de la grosseur d’un petit pois et quoy que ce coq ait eté bien soigné il etait tres maigre : nous avons souflés ces appendices et le Boyau que lon conserve avec les secrets de lart.
[2 r] Si vous Estimés Messieurs que cette < particularitée>
particularité puisse Meriter votre attention je suis pret a vous envoyer ce Boyau curieux avec les appendices et la troisieme patte qui y est adherente.
Nous ne nous permettons Messieurs aucune dissertation sur cet objet qui nous a paru curieux et qui peut etre nest pas nouveau pour vous, dans ce dernier cas je nauray pu que meriter lexclamation que vous faites avec justice, sur tous ceux qui ne sont point a <portés [?]> porté de s’instruire par vos leçons et qui languissent dans les provinces,
<eloignés [?]> eloigné de la source des sciençes et des talents.
Jay l’honneur detre avec un tres profond Respect Messieurs Votre tres humble et tres obeissant serviteur.
Roüaud de la villemartin1Paraphe bouclé. pr. [i. e. procureur
] du Roi.
Guerande le 3. xbre 1779.
[2 v vierge]