Transcription

[250 r] Monsieur

Quelques persones m’ont paru desirer que je publiasse en un seul corps d’ouvrage tous les resultats de mes recherches ; mais je ne puis faire cette entreprise si l’Academie ne daigne me faire participer à son privilege, et je crains de n’avoir pas merité cette faveur : les fautes que je decouvre dans mes memoires imprimés m’affligent jusqu’au decouragement. On ne peut s’en garantir que par cette erudition auriculaire dont je suis privé par mon penchant exclusif pour une solitude absolue. Cependant, Monsieur, je ne puis m’empecher de presumer que ce penchant ma conduit á des considerations qui pourraient produire des vues utiles dans quelques uns de mes lecteurs. Mais ne pourraient elles pas etre toutes fautives ? Dans ce combat perpetuel de mon amour propre et de mon Zele, et sans avoir auprés de vous d’autre titre que votre condescendance, je viens vous suplier de me faire conaitre si je puis contribuer au progrès des sciences, ou si je dois me borner à joüir du spectacle superbe, et des esperances illimitées qu’elles nous fournissent en ce moment ? J’ose me flatter que vous ne me refuserés pas un arret qui me rendra la confiance necessaire pour continuer de marcher dans la carriere, ou qui me la fera quitter sans remords.

J’ai l’honeur d’etre avec un profond respect Monsieur Votre très humble et très obeïssant serviteur

Durcarla^{1D’une grosse écriture.}.

Paris hotel de Nassau rue de la Harpe le 20 novembre 1787

[250 v vierge] [251 r vierge] [251 v] [Adresse et inscriptions allographes]