Transcription
[1 r] Mansfield Street à Londres
Ce 29e Mai 1792.
Mon cher Monsieur,
Vous aurez, sans doute, oui parler de la Proclamation du Roi |d’Angleterre| contre Mr Paine, et contre de certaines Personnes hors de l’Angleterre, qui, (dit la proclamation) ont des criminelles correspondances ici, contre la Constitution Angloise.
Il est bon que vous sachiez la verité, des vrais dispositions des Anglois.
La Majorité des Anglois voyent Votre Revolution en France avec plaisir, et vous avez des Amis bien [1 v] désidés |de Votre Liberté| dans le Parlement d’Angleterre. Mais, il ne s’est pas trouvé un seul homme, Vendredi dernier dans Notre Chambre des Communes, qui n’ait disapprouvé de la maniere la plus marquée, le projèt de Mr Paine |contre la Constitution Angloise,| et il en sera de même jeudi dans la Chambre haute. Nous sommes libres, nous sommes heureux, nous prospérons plus que vous ne prospererez en France pour 50, ou peut-être pour 100 ans, par ce que nous avons été si long temps libres ; La grande masse du public est [2 r] fortement attachée à notre Constitution. Il n’y a que quelques dissidents (que des Loix injustes et impolitiques ont aliénés) qui soyent d’avis contraire ; je parle en general. Vous devriez, par conséquent, décourager, de toutes les manieres possibles, même par un décrèt de votre Assemblée Nationale, et déffendre tout françois de se meler des affaires de l’Angleterre, et |ensuite| de faire communiquer vos Resolutions à notre Gouvernement. Les Demarches faites, à cet égard, par votre Ministre, ici, lui font grand honneur. [2 v] Je suis sûr1Nous hésitons à transcrire scûr
., que c’est contre vos principes de vous meler des affaires intérieures des autres païs libres ; mais, vous devriez déclarer cela expressement de la maniere la plus franche, et de dire que vous punirez en France tout attentât contre les droits des Nations. Peu de mots suffiroient ; mais il seroit bien politique à vous, d’agir de la maniere susdite. J’ai lu avec grand plaisir, dans le Logog.e 231, les Propositions de Mr Demoy sur les Prêtres ; et dans le N.° 233, la Proposition de Mr Lacourse sur <les> des Bataillons de Gardes Nationales. Une Depense, qui feroit vitement finir votre Guerre avec le Roi d’Hongrie seroit, à tout prendre, une vrai Economie.
Mon cher Mons.r Croyez moi avec Le plus grand respect et attachement, toujours à Vous,
Stanhope.
[71 r]
P. S. Il est bien possible, que vous puissiez avoir, chez vous, des brouillons, qui voudroient se mêler des affaires d’Angleterre, comme notre insensé, Mr Burke, voudroit renverser votre Constitution en France. Mais, rappellez vous bien, que si vous ne les reprimez pas, vous courerez grande risque d’avoir la Nation Angloise, en rage, |prendre parti| contre vous. C’est ce qu’il vous faut éviter. Comme l’Ami le plus chaud |de votre Liberté|, que vous ayez, dans toute l’Angleterre, je doit vous dire, sans reserve, la Verité sur les dispositions de mes Compatriotes.
[71 v vierge]
[72 r vierge]
[72 v] [Adresse et marques postales]