Transcription
[22 r] Rue St Dominique d’Enfer le 16
Permetez moi Monsieur le marquis de vous faire une question. Quel est le meilleur traité de mathématique que l’on peut donner à un jeune homme qui a déjà quelques connoissances de cette sience, et qui voudroit s’y perfectionner à lui seul, particulièrement dans cette partie pratique dont on peut faire l’application dans l’usage ordinaire de la vie ?
Ce n’est pas tout. Jai la grippe ; et dans le deseuvrement de ma maladie j’ai fait quelques vers que je prens la liberté de vous adresser. C’est une traduction, ou plutôt une imitation de cet endroit de l’Iliade ou Jupiter fait un défi à tous les dieux. Je vous avoue ingènument que je ne sais point le grec, et je n’ai travaillé que d’aprez le latin et le français. J’attands Monsieur votre jugement pour fixer le mien sur ce petit rien [?] et je vous prie de me dire ce que vous en pensez.
[22 v] Pour vous dédommager de l’ennui que mon griffonage va vous causer, je vous envoi un logogrife en queue [?] pareil à celui du bucher. Vous devinerez bien plus aisément le mien, car je le crois plus facile.
Je viens de lire dans mon loisir deux fois l’eloge de mr de Maurepas. J’ai remarqué que votre éloquence a contracté quelque chose du caractère du ministre que vous célébrez. Elle est simple et naïve, elle est large et modérèe ; on pouroit, peut être dire, elle est adroite, comme etoit celui que vous loués. Si cet ouvrage etoit ainsi, je le relirois sans doute encore, car depuis que Voltaire et mr de Buffon n’écrivent plus, je ne connois d’orateur français que celui de l’académie des siences.
J’ai l’honneur d’ètre avec un respectueux attachement Monsieur votre três humble et très obeissant Serviteur.
L. b. geouffre d’aurussac1Paraphe bouclé.
[23 r vierge]
[23 v] [Inscriptions allographes]