Transcription
[1 r] Messieurs
Il y a longtems que je me proposois de prendre la liberté de vous adresser quelque chose de ma composition tant pour mannoncer à vos conoissances que pour en meriter l’approbation en quelques parties ; mais tous les malheurs qui me sont arrivés en Bretagne depuis plus de dix ans y ont mis empêchement. Neanmoins Messieurs, Je me dis maitre d’Ecriture Ortographe, arithmetique mathematique et teneur de Livres, et pour vous le prouver, Je prends la Liberté de vous remettre cy joint ce qui me reste de mon ouvrage, [1 v] consistant en une copie des affiches qui m’ont annoncé a S.t Malo, et qui me servoit d’Enseigne, plus une petite Idée Sur la quadrature du cercle, que je vous prie Messieurs de recevoir d’un malheureux qui est sur son Lit. Et comme il ne tient qu’à vous Messieurs de tirer de la misere un homme que vous scavez propre à quelque chose, Je vous prie de trouver bon que je me presente à vous comme un homme ruiné par differentes avantures dont je vous <instruirai> instruirais en tems si cela vous fesoit plaisir ; et enfin reduit sur un Lit en chambre garnie avec la clavicule de l’Epaule droite cassée par la derniere de mes avantures ; et comme pour les rapporter, J’ay besoin de quelques jours de Retablissement [2 r] Je vous Supplie Messieurs de vouloir bien m’en accorder suffisamment à ce Sujet en |me| procurant l’Effet de vos charités ainsi qu’à une femme et cinq Enfans qui en ont grand besoin Et nou ne cesserons tous de prier le Seigneur pour la conservation de Vos nobles santés.
J’ay l’honneur d’être avec un très profond Respect Messieurs Votre très humble Et très Obeïss.t serviteur
Petit1Paraphe bouclé.
S.t Malo le 1.er aoust 1773. Rue S.t Buc
Si vous pouviez Messieurs me procurer un Employ à Dijon en quelque cabinet vous me rendriez un grand service.
[2 v vierge]