Transcription
[28 r] ce 18 Juillet 1774. à Berlin
Je n'ai reçu, mon cher et illustre Confrere que depuis deux jours votre paquet du 10 fevrier, contenant un exemplaire de ma piece sur la libration de la Lune. j'ignore ce qui a pu cause un si grand retardement, et je me hate de vous en accuser la reception, et de vous en temoigner ma reconnaissance. Comme depuis ce tems vous auriez pu changer d'avis relativement aux commissions dont vous me chargez dans votre lettre, j'attendrai pour les executer que vous me reiteriez vos ordres la dessus ; En attendant, j'ai demandé au Libraire le prix de nos Memoires, et il l'a fixé a 10lt de france le volume pour les 25 anciens volumes, et à 11lt pour les suivans dont il y a deja trois, le quatrieme etant pret a mettre sous la presse. il m'a dit aussi qu'il serait bien aise qu'on fît payer l'argent à Strasbourg à un de ses correspondans qu'il m'indiquera lorsqu'il fera l'envoi des livres à l'adresse que vous m'avez marquée, ou bien a telle autre qu'il vous plaira de me donner. j'attends donc votre décision la dessus, et je ne negligerai rien pour vous servir du mieux que je pourrai.
A l'égard du journal literaire de Berlin je vous prie de me dire aussi si vous en avez encore besoin ; il en parait six [28 v] volumes par an, et le prix en est si je ne me trompe d'un ecu le volume ; j'aurai soin qu'il soit envoyé à l'Editeur de la gazette de literature, sous l'adresse du Chanchelier, comme vous me le marquez. M. d'Alembert me mande que ma piece sur l'equation seculaire est deja sous presse ; cela me fait croire que les précédentes sont deja imprimées, ce qui me fait beaucoup de plaisir ; car en vérité je commencais presque à desesperer de les voir paraitre, et je vous en ai d'autant plus d'obligation. Le libraire m'a annoncé qu'il y avait en chemin un paquet de votre part pour moi ; je souhaite y trouver le volume de 1771 de vos memoires, dont je sais que l'histoire est toute de votre façon. je me fais d'avance une grande fete de la lire et d'en profitter ; et je vous promets de vous en dire mon avis avec toute la sincérité que l'amitié exige. Vous avez vu par ma derniere lettre que notre prix a ete remis, et les raisons qui y ont donné lieu, ainsi que mon sentiment sur la piece pour laquelle vous paraissiez vous interesser. Le memoire sur les mouvemens des nœuds et les variations des inclinaisons des orbites des planetes dont je vous ai deja parlé, et que je destine a votre Academie, si elle veut [29 r] bien me permettre de le lui presenter, sera bientot achevé. il contiendra une theorie nouvelle sur cette matiere, et l'application numerique a chacune des planetes premieres, aussi bien qu'aux satellites de Jupiter ; mais je ne vous l'enverrai qu'a condition que vous et M. d'Alembert voudrez bien le juger d'avance et le supprimer au cas que vous ne le trouviez pas digne de l'Academie.
Adieu, mon cher et illustre Ami je vous embrasse de tout mon cœur et je vous aime avec toute la tendresse possible. Embrassez pour moi M. d'Alembert, dites lui que j'ai recu sa lettre du 1er, et que je lui repondrai par la premiere occasion qui se presentera.
Je suis un peu surpris de ce que vous me dites de M. de la Place ; c'est assés, ce me semble, le defaut des jeunes gens de s'enfler des premiers succès ; mais la presomption diminue ensuite à mesure que la science augmente. Dites moi un peu pourquoi M. de la Lande a renoncé à la Connaissance des temps. Adieu iterum.
[29 v] [Adresse et marques postales]