Transcription
[77 r] Londres<22 Juillet>21 Juin 1777
Monsieur
Je trouvai enfin dimanche dernier le d.r Solander chez lui, après 3 ou 4 fois que j’avois allé chez lui. Il me dit n’avoir pas fait aucune experience avec la Phytolacca : & me recommanda de parler avec M.r Justamond, cirurgien qui epousa la fille de feu d.r Matty, que vous avez connû sans doute. J’y fus tout desuite. Il m’assura <n'> ne pas avoir fait usage de cette plante : mais il a un especifique, ou remede particulier avec lequel il a fait des guerissons notables sur des cancers. Il m’en a montré dans de l’esprit devin, qu’il avoit extrait sans l’application du couteau, mais simplement avec son remede. Il dit que si le patient qui a le cancer sans etre encore ouvert, lui envoyera une information bien detaillée de son etat actuel, il pourra lui envoyer d’ici le remede avec la direction pour l’appliquer. Mais que si le cancer est ouvert, alors il faudroit venir ici. Il m’assura que M.r Minors, cirurgien dans l’Hopital de Midlessex ici à Londres, avoit gueri tout à fait un cancer dans la levre, avec l’application reiterée de l’air fixe. Je vous prie de communiquer cette notice à l’Abbé Rozier pour l’inserer dans son journal, comme interessante à encourager l’application de ce remede nouveau. Ajoutez y, que me trouvant hier soir dans l’assemblée du Chev.r Pringle, M.r Wedenberg, d.r en Medecine suedois, qui s’y trouvoit |aussi| nous assura qu’en Allemagne on avoit obtenû la cure parfaite d’un autre cancer avec l’application de l’air fixe. Le Chev.r Pringle dit n’avoir pas entendû1Ce mot est césuré : sa dernière syllabe est écrite à la page suivante. [77 v] d’aucun essay fait avec la Phytolacca, qui produisit du bon succès. Le meme d.r Wedenberg dit qu’il savoit qu’on en avoit fait application (de la Phytolacca) en Suede aussi ; mais sans succès. Le Chev.r Pringle dit que les Poultices ou cataplasmes des carotes, appliquées sur les cancers ouverts, avoient <[... ?]> produit le bon effet d’adoucir l’acrimonie & les douleurs, &a.
J’ai connû assez particulierment ici feu M.r Guy, qui avoit un remede particulier pour les cancers, & qui fit des guerisons parfaites, & extraordinaires. Mais il faut avouer que ce meme remede manqua aussi quelques fois de produire son bon effet. Le Roy de Suede envoya un medecin expressement à Londres, qui s’appelloit <Bierg> Bierchen pour examiner les effets de ce remede, & etudier la practique de l’appliquer. Par ordre du meme Roy il fut fait un agreement ou contract par lequel M.r Guy s’obligeoit de fournir une certaine quantité de ce remede chaque année au dit M.r <Biérchén> Bierchén, en lui paiant 5000£ Esterlines |<à la fois> d’un fois| : ce qui fut executé : |& il le fournit| tandis qu’il vecût. Le d.r Wedenberg me dit hier soir qu’on avoit certainement fait plusieurs cures parfaites des cancers en Suede avec l’application de ce remede. Mais après la mort de M.r Guy, on n’a pas pû obtenir la quantité estipulée de ce remede. Le D.r Gahn, Medecin suedois, est venû ici il y a 4 ou 5 ans à Londres, pour retablir l’observance de ce contract : mais il n’a pû reussir. Car M.de Guy la veuve, avoit fait un nouveau contract avec un autre cirurgien &a. Outre celà le fils ainé du même [78 r] feu M.rGuy se trouvoit alors en France &a. Enfin pour compter ce que Je sçais de cet affaire : Ce M.r Guy fils, est revenû à Londres ; Je le rencontrai il y a 8 ou 10 m[ois] [?] [... ?] lui m’invita d’aller le voir, car j’ai eté plusieurs fois e[n] [?] [sa [?]] com[pagnie] du vivant de son Pere, qui frequentoit quelques amateur[s] [de [?]] [su]jets [?] philosophiques, & les invitoit souvent chez lui. Ce2Ce mot aurait dû être barré. Son fils me donna son adresse ; mais lorsque J’allai pour le voir, ce qui fut depuis plusieurs mois, il avoit changé de demeure : & je ne l’ai rencontré depuis, ni sçu de lui. Le d.r Wedenberg me dit hier soir, que le Ministre Envoyé de Suede |à cette cour| avoit ici à Londres ordre de sa Cour pour lui faire un procès, & l’obliger à fournir la quantité estipulée du3Les deux mots qui précèdent sont marqués par un trait sinusoïdal mais leur interversion n’aurait pas de sens. remede par son <[... ?]> pere &a.
Ce sont toutes les informations que J’ai pû obtenir, relatives à l’objet dont vous me parlez : Je seroi enchanté que vous y trouvez quelque chose d’utile : & Je suis avec toute consideration possible Monsieur Le Marquiz Votre très h.ble & obligé serv.r
Magellan
N.B. M.r Justamond me dit avoir essayé aussi lui même, l’application de l’air fixe ; mais qu’il n’avoit pas eu un si bon succès que M.r Minors. Ainsi vous voiez qu’il n’[y] a pas de remede infaillible pour tous les cas.
[78 v] [Adresse et marques postales]