Transcription
[1 r] Messieurs
Persuadé de vôtre zele a faire fleurir les Arts ; Je me propose de vous envoyer au prochain ordinaire, le plan d’un model de Mécanique inventé par moi. Pour faire remonter un bateaux contre le courant de l’eau, cette Mécanique est une Cage dans laquelle réside une asse, qui porte deux ailles, de moulin. Sur cette asse réside trois pignons ; Ces trois Pignons font mouvoir trois Cylindres qui y sont de profil, à l’asse. Le pignon du centre qui réside sur lasse fais mouvoir deux pignons qui menent un autre cylindre, qui est au centre sur le devant qui conduit une corde double continuellement. Cette même corde conduit trois ancres et les jette à l’eau. Le même Cylindre conduit une grande roüe qui réside sous la mécanique. Cette roüe est divisée en differentes parties, tant de plain que de vide ; Les trois Cylindres qui sont de profil à lasse porte chacun un Cable, au bout desquels est attaché un ancre. Lorsque la Mécanique se met en mouvement [1 v] par le cours des Eaux. Le premier Cylindre qui prend le plain de la grande roüe qui est dessous enveloppant son Cable attire le Bateau qui rejette le second ancre, tirant à son tour ; jette le troisiéme de façon que les ancres chacune à leur tour se jettent toutes seules et tirent le Batteau, sans empêcher le gouvernail de faire son effet. Et voilà Messieurs mon calcul que j’ai fait pour un grand bateau, suivant le courant ordinaire de la Loire. Ma Mécanique fera Deux tiers de lieux par heure. Par consequent on peut se rendre, à jour nommé dans un lieux marqué ; Cette Mécanique n’est pas embarassante, elle peut passer sous les ponts & il faut très peu de personnes pour la faire Manœuvrer.
J’ai L’honneur d’Etre avec un profond respect Messieurs Votre très humble &
obeissant Serviteur
guillou1Paraphe soulignant.
Mon adresse est rüe de lentré de la fosse
au Sieur Guillou horloger au arme de Geneve
A Nantes en Bretagne
Nantes le 5 Mars 1774.