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Notice
Identification et lieu de conservation
IDC394
TitreJoseph Dominique MARATRAY DE CUSSY à CONDORCET - 8 avril 1792 (Paris, Bibliothèque de l’Institut de France, Ms 868, f. 103-106)
Document de référenceOui
Statut éditorialLettre retenue
Nature du documentOriginal
Lieu de conservationParis, Bibliothèque de l’Institut de France
CoteMs 868, f. 103-106
Intervention(s)
Expéditeur(s) et destinataire(s)
Instrument d’écriturePlume trempée dans l’encre noire
Note(s) intervention(s)

Voir IDD 79 pour identification des correspondants

Dates
Date indiquée par le scripteurce 8. avril 1792.-
Datation8 avril 1792
Lieux
Lieu d'écriture indiqué par le scripteurDeux Ponts
Lieu d'écriture rétabli ou normaliséDeux-Ponts
Lieu d'écriture indexé
Papier et cachet
Description sommaire du papier

Cahier de deux bifeuillets in-4°, vergé écru, filigrané.

Pièce(s) jointe(s) ou liée(s)
Lettre(s) « de » ou « à » Condorcet
Textes
Incipit

J'ai recu, Monsieur la lettre dont vous m'avez honnoré

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Transcription

[103 r] Deux Ponts ce 8. avril 1792. –

J’ai reçu, Monsieur la lettre dont vous m’avez honnoré et ne sçais comment vous prouver ma reconnoissance des choses obligeantes que vous avez daigné <lui dire à mon sujet> dire à mon sujet a M. Dumouriez. Oui, monsieur, le civisme pur m’anime, je conçois le Bonheur d’avoir une patrie dans toute son etendue, et j’en aurois un inexprimable à pouvoir cooperer par une seule idée par le sacrifice de tout mon être à la sauver des grands malheurs qui la menacent. Vous m’avez rendu un service important par votre lettre puisque vous m’avez mis à même d’ecrire à M. Dumouriez avec les sentimens sinceres que m’inspire le retour de l’ordre et de la paix publique. Les Choses en sont arrivées au point de faire une profonde impression sur l’ass.e n.e puisque toutes les Calomnies, tous les reproches se dirigent contre elle. Que ç’est en <l’ [... ?]> l’accablant que l’on veut allumer la guerre civile, qui doit être le premier signal de plus grands desastres. Voici encore l’assassinat du Roi de Suede qu’on lui attribue, ou si vous l’aimez mieux aux jacobins, mais comme en ce moment on s’est fait un sisteme de confondre ceux-ci avec l’ass.e n.e et le ministere, on trouve plus essentiel de ne nommer que le senat françois. Ayez la bonté de voir m. Dumouriez, de lui demander communication de ma depeche et de mediter avec lui ce que vous croirez propre à sauver la Chose publique, car il n’y a pas une minutte à perdre les ennemis sont prets puisque les troubles se propagent dans l’interieur ; imitez Mirabeau combattez les factieux, eclairez l’ass.e n.e et le Roi et combinez les principes d’une saine [103 v] morale et de la philosophie avec ceux d’une sage politique conforme à l’esprit de la constitution et en même |tems| qui puisse <se con [?]> s’allier avec celle d’usage en Europe. La combattre et la detruire insensiblement sans la heurter de front dans ces circonstances. On reproche à l’ass.e n.e de n’avoir point pris une attitude assez fiere, assez noble assez majestueuse dans un moment où elle representoit pour la premiere fois la nation françoise comme souverain[e], on lui reproche d’avoir négligé les finances, de laisser tomber le credit, de ne pas assez s’occuper des contributions, de n’avoir point taxé les frais de justice, ce qui fait que les avoués et gens de loi sont comme ci-devant les sangsues du peuple, que les tribunaux necessairement mal composé[s] dans ce premier moment sont le fleau des campagnes qui decourage le cultivateur l’empeche de croire aux bienfaits de la constitution. On reproche à l’ass.e n.e de donner trop de tems à des petitions soit de nul interest, soit trop exagerées telle que celles des piques et on a été revolté de voir l’ass.e n.e applaudir à cette phrase – le Roi et la liste civile passeront et les piques ne passeront pas &c. On lui reproche de prodiguer les honneurs de la France qui devroient être rares et la recompense de grand patriotisme de grandes vertus ; on lui reproche de n’avoir pas une majorité assez prononcée, d’etre trop divisée dans ses membres, sa conduite sur la mort de l’Empereur, de faire entendre dans sa tribune des discours trop outrés trop impolitiques sur les Princes, Loix, usages, gouvernemens etrangers, d’insulter plus que de convaincre, de tracasser trop le pouvoir executif, de l’entraver dans sa marche, et de servir par la l’intention qu’on lui soupçonnoit de prouver qu’il lui est impossible de suivre la Constitution, <de> & on lui reproche de ne pas mettre assez d’ordre dans ses travaux, de faire une confusion, de ne point se livrer complettement aux grands interests de l’Empire, de ne les discuter que partiellement, [106 r] de n’avoir point assez d’ensemble dans son esprit et dans son travail <;>. Le decret d’amnistie pour Avignon lui a fait tort, l’arrestation de M. Delessart a parue [sic] n’estre pas conforme aux loix nouvelles, on y a vu trop de passion et d’animosité ; on reproche aussi que l’ass.e n.e se facha1Lire fache ? plus quelle ne servit, qu’elle ne met pas assez de caractere pour que la loi agisse, et punisse mille autres reproches dont on l’accable, tous plus forts les uns que les autres et qui reellement la discredite et lui font perdre le rang quelle devroit avoir. C’est là le But et d’emmener par ce moyen l’anarchie et la guerre civile. Les gens sages et qui aiment la Constitution, Monsieur, desireroient donc que l’ass.e n.e repris sa place de representant du souverain et imprima au dehors et au dedans ce grand caractere quelle pourroit avoir si elle en a le moyen, et la crise où nous sommes semble exiger qu’elle en fasse usage. Ce seroit de s’entendre individuellement entre ses membres et le ministere et d’etonner l’Europe et la France en |se| formant aussitôt en comité general, et la se recreer pour ainsi dire, se jurer un esprit public, une union fraternelle, et jurer aussi la même union entre elle et le monarque et son conseil. Daignez demander à M. Dumouriez ce que je lui marque à ce sujet, de faire le serment de ne plus faire qu’une seule ame, de detruire tous les factieux et les intriguans, de donner force à la loi, de la purger des details qui peuvent nuire et decourager, de ne s’occuper que des grands interests de l’Etat, d’assurer un gouvernement solide, actif, conforme à la Constitution et qui puisse en imposer partout de mettre en évidence le tableau de la dette, ce dont la Revolution la augmenté, celui des Contributions publiques, des ressources avec la clarté et la franchise qui respire dans votre ouvrage dont je vous remercie sensiblement puisque l’envoy que vous avez bien voulu m’en [106 v] faire m’est arrivé dans un moment où l’etranger honnete deplore le plus l’etat de nos finances, et forme des veux pour le retour du Credit public qu’une fois <par> devenu national ne peut que croitre et augmenter. On voudroit donc que ces tableaux exacts et vrais soient publiés et renouvellés tous les mois ; que l’ass.e n.e ne mit à l’ordre du jour que les interests majeurs de l’etat et faire marcher par le gouvernement d’une maniere imposante2A la suite, plusieurs mots oubliés ?. Comme c’est un des reproches les plus essentiels que l’on lui fait de ne pas avoir de gouvernement par la gene dont on tracasse le pouvoir executif, ne trouveriez vous pas, Monsieur, d’une haute sagesse et d’une politique prudente qui etoufferoit l’injure faite à l’ass.e n.e de vouloir une republique absolue, ou un phantome de Roi, de faire decreter des commissaires du Roi dans Chaque département qui à l’instar de ceux des tribunaux veilleroient et feroient marcher les administrations Civiles et [?] de [?] leur donner tous les moyens de faire le bien et aucun mal, les rendre responsables envers les ministres qui le sont vis avis du Corps legislatifs [sic] ; ce qui rendroit la responsabilité bien plus evidente, et plus redoutable, vous auriez l’air par là de rendre un grand hommage à la prerogative Royale, et vous detruiriez l’excuse de dire que le pouvoir executif ne peut3A la suite, la lettre p a été écrite par erreur et non barrée. agir parce qu’il n’a pas assez de moyens, et vous aneantiriez bien des factions au dehors et dans l’interieur par cet acte de majesté et de politique. Voyez, je vous prie, ma lettre à M. Dumouriez a ce sujet. Vous Conviendrez, Monsieur, que la Constitution ayant dit que la France est une monarchie, son etendue, ses rapports exterieurs prouvant qu’il le faut et que Ce Principe est incontestable, les pouvoirs etant bien marqués, bien distincts, il seroit de la plus grande dignité d’un peuple libre d’accorder au monarque à celui qui doit faire parler et agir la loi, lui donner de l’activité [104 r] dans l’execution utile à un grand Empire, toute la Consideration, l’Élevation, les honneurs et les respects les plus grands ; ce ne seroient plus ceux de la Crainte, mais ceux de la Confiance et convenable à l’orgueil d’un peuple libre. En outre en le plaçant ainsi au dessus des autres, c’est l’unique moyen d’en imposer aux Cours de l’Europe, d’eclairer les deux Etres qui ont besoin les uns des autres, les Princes et les peuples et de prouver que la Canaille qui faisoit tout le mal etoit l’intermediaire et forcer par là celle ci à se taire et à mourir sur ses intrigues et ses bassesses, ou à se corriger pour le Bonheur general. Il n’y auroit pas un plus bel exemple à donner et en meme tems une marche plus certaine à suivre pour éclairer et convaincre les autres peuples.– Si tous les developpemens que demandent ces idées, sortoient d’un Comité general en ce moment, Ce seroit un Coup de foudre qui pulveriseroit tous nos Ennemis du dehors et du dedans ; mepris <pour> et indiference pour les pretres, les nobles et les Emigrés, surveillans sur le moindre trouble et faire agir la loi sans indulgence, une reunion complette, sincere et confiante entre les deux pouvoirs, ne s’occuper que des grands ressorts necessaires à mettre en action, le Credit public, la force armée, les contributions, l’instruction publique qui est d’une necessité majeure, &ca. Un pareil comité general qui sur le Champ reuniroient les deux Pouvoirs, et d’ou emaneroit ce veu sincere de reparer les maux de la Patrie, ce serment d’aneantir [104 v] toute faction, de combatre les esprits des [?] pardons4Lire perdans ? et de prouver que l’obeissance aux loix est l’objet de la sollicitude de l’ass.e n.e ce projet, Monsieur, je vous en garentis5Lire garantis ?, glaceroit d’effroi, et transporteroit d’admiration. Le senat françois en prennant ainsi l’attitude vraiment convenable au representant de la nation, du souverain en associant le monarque a sa gloire triompheroit de tout et ce seroit à qui Bientôt rechercheroit votre Alliance. Empechez, Monsieur, que l’ass.e n.e se porte à Changer les formes diplomatiques d’usages, il n’est pas tems encore et ce seroit d’une impolitique majeure. Il faut avoir des Ambassadeurs et des ministres plenipotentiaires puisque c’est [sic] deux denominations sont habitué[e]s aux egards et aux respects ; lorsque la nation s’agrandit, qu’elle peut prendre le premier rang qui lui est du, il lui faut des agens qui la representent avec fierté et noblesses [sic], et ces hochets, ces noms d’un usage generale [sic] sont plus necessaires que jamais, au contraire il ne lui faut plus de subalternes – ces deux titres seuls et une grande Consideration – voyez encore Ma lettre à M. Dumouriez. – Ce ne sera que par un grand Caractere public, et dans l’ass.e n.e et dans le Conseil du Roi et parmi ses agens au dehors dont il faut s’assurer du civisme que l’on consolidera la Constitution. – Plus d’abus si vous voulez qu’on ait du Courage. – Nous sommes peut être en ce moment au dehors dix à douze Chargés d’affaires par interim et les titulaires Ambassadeurs ou ministres sont à Paris jouissans de leurs appointemens, ne faisant rien tandis que nous avons la peine et les mortifications, aucune consideration et aucun pouvoir de prendre le ton convenable [105 r] au monarque d’une nation souveraine, avec des appointemens trop modiques et l’impossibilité d’agir. Outre que C’est contraire à l’esprit de la Constitution, que voulez vous que nous fassions quel courage avoir lorsqu’on se moque de nous ? Qu’on nous adresse tous les mepris, les injures qu’on prodigue au nom françois ? Croyez vous qu’avec le Caractere que j’ai et l’amour que ma patrie souffrante me donne pour le retour de l’ordre et de la paix, j’eusse souffert l’orgueil et l’arrogance de nos émigrés, si j’eusse été revetu du titre de Ministre du Roi, si j’eusse été appuyé à Paris d’une grande energie et de confiance ? Non sans doute. Croyez vous que je n’aurois pas tout tenté avec prudence, sagesse, et dignité pour detruire l’intrigant Pfeffel, les Forback [?] et leurs manœuvres aupres du Duc ? J’aurois voulu les pulveriser. Si dans toutes les Cours nous eussions eu ainsi des Citoyens forts detre libre[s], fidele[s] à leur sermens à la Constitution, au bien de la patrie, pensez vous que ces Conditions, ces complots, ces Conventions, Cette ligue auroient lieu ? Ne devrions nous pas retarder l’election de l’Empereur, faire des Alliances, afficher des rapports avec la revolution de Pologne, forcer l’etranger a Bafouer et Conspuer nos émigrés &ca ? Que M. Dumouriez à qui j’ai ecrit franchement la-dessus se penetre que son Role est le plus brillant à jouer en ce moment, qu’il peut donner la paix à la France, contraindre l’Europe à la desirer ? Qu’il m’appelle à Paris pour faire donner à M. de la Coste. ministre inutile ici sa lettre de Congé, me revetir de son caractere, me crediter ici, et il jugera mes efforts, mon zele et mes moyens ? Qu’il m’appelle pour aller recevoir des Bontés du Roi mes lettres de Creances et je lui developperoi ainsi qu’a vous, Monsieur, dont je suis jaloux de meriter l’estime, l’opinion, et le suffrage [105 v] que je voudrois Connoitre personnellement. Une Course de quinze jours seulement pour aller prendre langue, vous devoiler et à M. Dumouriez de grandes verités, prendre des intentions justes, un Chiffre de sureté et revenir ici deploye[r] le Caractere de ministre plenipotentiaire, et alors que l’on mette ainsi mon zêle à l’epreuve et je vous promets les efforts les plus grands ? J’ose me flatter que votre Comité diplomatique, M. Dumouriez et vous, Monsieur, seriez satisfaits de m’entendre, tant je me suis attaché à mediter la Constitution, ses rapports au dehors et <mes> les devoirs de notre Carriere. Mais il n’y a pas de tems à perdre, nos Emigrés ne rentrent qu’aprês avoir promis de semer la guerre civile dans notre patrie, leurs projets sont combinés, sinistres, et dangereux, il faut les dejouer. Ecrivez moi, <je> que M. Dumouriez l’ordonne je suis pret a partir. Je ne lui demande que 15. jours ou trois semaines pour aller et revenir avec son approbation et la votre. Tachez que M de la Coste ne sache rien de Cette lettre. – Je voudrois aussi que le Ministre en me donnant Cet ordre, m’assura des Bontés du Roi parce que j’aurois besoin de faire Emplette d’une voiture et que mes moyens sont foibles. J’attens6A la suite, le mot et a été écrit par erreur et non barré. l’effet de votre indulgence, de votre protection aupres de lui, de votre zêle et j’espere que sans tarder vous m’honnorerez d’un mot de reponse qui m’indique l’espoir et à quoi m’en tenir, et je pars à l’instant. Tout à vous, Monsieur, avec respect attachement et veneration, comme tout à ma patrie à la loi et au Roi ainsi qu’à la paix general[e] et à l’amour de l’ordre et de l’union en France. Voyez M. Dumouriez tout de suite consultez-vous sur mes lettres et j’attens ses ordres avec confiance et interest, comme votre réponse avec amitié.

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Contenu

Sur Charles-François Dumouriez, les affaires intérieures et extérieures, les émigrés.

Correspondance de Condorcet pour Lettre(s) « de » ou « à » Condorcet (1 result)
CONDORCET à Charles François DUMOURIEZ - [24 mars 1792 ou peu avant] (Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, MS 775, f. 133 r-v)
[id:79]
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