Transcription
[23 r] Je vous remercie de tout mon cœur de la bonne nouvelle que vous venez de me donner touchant le sort de ma Piece sur l'equation seculaire de la Lune ; je vous supplie d'agréer ma vive reconnaissance de l'indulgence que vous avez eue pour mon ouvrage, et de la faire agréer aussi a ceux de vos Confreres qui ont bien voulu l'honorer de leur suffrage. Quant à l'argent du Prix vous me l'enverrez quand vous trouverez quelque commodité. Si M. d'Alembert voulait avoir la bonté de s'en charger, comme il a fait il y a deux ans je lui en serais infiniment obligé parce que tout bien consideré je crois que la voie qu'il a prise alors est encore la plus sure et la meilleure a bien des egards ; au reste comme je ne suis pas pressé de toucher cet argent je vous laisse le maitre de me l'envoyer quand et comme vous voudrez ; je ne serais pas meme faché qu'il pût rester en France s'il était possible de l'y laisser d'une maniere sure et de façon qu'il pût etre retiré aisément au besoin ; car comme je pense d'y faire encore quelque jour un voyage, ce serait un avantage pour moi d'y trouver de l'argent sous la main. mais, encore une fois je m'en rapporte entierement a vous la dessus ; j'approuve d'avance tout ce que vous et M. d'Alembert jugerez à propos de faire.
[23 v] Lorsque je vous ai mandé que la Piece sur les Cometes que vous savez, était la seule qui eut concourru, j'ignorais que M. Formey venait encore d'en recevoir une autre. je m'opposerai a ce que l'on donne le prix a cette derniere qui n'a d'autre merite que l'application des methodes proposées a la theorie de l'une des dernieres Cometes ; mais je ne sais si je réussirai a le faire adjuger à la premiere qui a à la verité le merite d'une analise ingenieuse et profonde, mais qui ne repond pas <à la question> |assés| aux vues que l'Academie a eues en proposant cette question. Comme je n'ai qu'une voix sur cinq tout ce que je pourrai faire au cas qu'on ne veuille pas couronner cette piece comme je le souhaiterais, ce sera de faire remettre le prix a un autre tems.
Je vous prie de dire à M. Cassini que son Memoire sur les refractions a ete lu à l'Academie et qu'il sera imprimé sans doute dans le volume de 1773 ; je ne crois pas qu'on ait encore fait les recherches qu'il desire, parce que M. Bernoulli qui est chargé de l'Observatoire, n'est guerez en etat, a cause de sa mauvaise santé, de contribuer aux progrès de l'Astronomie autant que sa place le demanderait.
[24 r] Je ne suis pas fort empressé de voir paraitre ma Piece sur l'equation seculaire ; j'aimerais beaucoup mieux que l'Academie fit imprimer celle de 1766 sur la théorie des satellites ; n'y aurait y aucun moyen d'en hater la publication ? J'ai lu avec une satisfaction infinie vos Memoires et ceux de M. d'Alembert dans le 4me volume de Turin ; je ne doute pas que vous n'ayez aussi recu ce volume ; et je vous prie de me dire votre avis sur ce qui me regarde.
Je ne negligerai rien pour vous procurer les observations que vous desirez, s'il en existe de telles à Berlin.
Je vous prie de faire bien des complimens de ma part à M. du Séjour, et de l'assurer d'avance du plaisir avec lequel je lirai ses recherches sur les racines imaginaires ; j'aimerais cependant mieux les lire imprimées que manuscrites. Dites moi si le Mquis Caraccioli est deja parti et où on peut lui ecrire. J'ecrirai à M. d'Alembert par M. le Comte de Crillon qui doit arriver bien tot, et je lui enverrai par son canal tout ce que j'ai pour lui ; je lui remettrai aussi un paquet pour vous contenant les memoires de notre nouveau volume. Embrassez-le en attendant de ma part et renouvellez lui les assurance de mes plus tendres sentimens ; Adieu, portez vous bien et soyez persuadé que je vous aime autant que je vous estime. On me mande de Turin qu'on y parle de nouveau de me faire des propositions ; quelles qu'elles puissent etre, je ne me deciderai point sans avoir pris votre avis et celui de M. d'Alembert.
[24 v] [Adresse et marques postales]