Transcription
[1 r] A La Rochelle 20. janvier 1778.
Monsieur
Le Memoire Sur les observations à faire du flux et du reflux de la Mer publié par l’Academie des sciences est parvenu à notre Academie. Nous nous empresserions d’entrer dans les vues de l’Acade des sciences, ou plutot nous aurions depuis longtemps prévenu ses desirs, si des obstacles phisiques, à peu près insurmontables ne s’y etoient opposés.
Notre Côte est extremement plate, et pour trouver un lieu qui n’asseche pas de basse mer, il faudroit s’en eloigner considerablement. <a Comm>1Cette rature provient d’une erreur de transcription lors de la copie du brouillon (f. 149r). Dans les fortes Marées, l’Eau se retire de 682 Toises dans le Canal, c’est à dire, dans la partie la plus creuse de la cote. Comment asseoir à cette distance le batis ou tambour necessaire ? Pour l’établir solidement il faudroit une depense que le gouvernemt est seul en état de faire. Un autre inconvenient [1 v] c’est que dans la haute Mer ce tambour seroit une isle que l’on ne pourroit aborder qu’en bateau, ce qui, vu la distance, pourroit etre dangereux, meme impossible, selon les vents et dans les tempetes, et l’on ne pourroit en revenir de basse mer à cause des boues et des Mares qu’il faudroit traverser.
Je ne parle, Monsieur, que des obstacles2Ce mot a été barré dans le brouillon, puis remplacé par celui de difficultés
, lui-même barré pour être remplacé par l’amorce de mot parti
(i. e. particularités
?), elle-même barrée et non remplacée (ibid.). qui dependent du local : la difficulte de trouver quelqu’un qui pût s’assujettir3 Brouillon (ibid.) : qui s’assujettise
. autant qu’il est necessaire est pour tous les lieux, et elle seroit moindre pour une Academie dont les Membres s’entendroient, qui observeroient eux meme, ou surveilleroient les cooperateurs qu’ils seroient obligés de choisir. Il seroit sans doute à desirer que l’on put se passer de cooperateurs, mais les Academiciens de Province ont presque tous des charges ou des Etats qui les empechent de suivre uniquement leur gout pour les sciences ou pour les lettres.
Pour remplir en quelque sorte ce que demande l’Academie, j’ai l’honneur de vous adresser, Monsieur, des observations faites pendant une année (du 15 Mai 1775 au 15 Mai 1776)4Ce passage entre parenthèses est absent du brouillon (f. 149v), où la date du 15 mai 1775 est cependant reprise plus bas (voir la note suivante). par M. Le Chev.r de Vialis, Major du Corps Royal du genie, Membre de notre Acad.e5À cet endroit, dans le brouillon : Elles commencent au 15 Mai 17775 [sic]
(ibid.). Vous y verrez la plus grande [2 r] élevation des Marées <observées> observée une fois chaque jour, M. de Vialis y a joint la direction des vents et les phases de la Lune, il seroit à desirer que l’on eut marqué les heures de la pleine Mer6Les quatre mots qui précèdent sont absents du brouillon (ibid.)., mais <ce n’etoit> cela etoit inutile à l’objet de l’observation. Pour rendre cette table plus utile j’y joins quelques notes que je dois à M. Duchesne Directeur des Ponts et chaussées.
Les ouvrages que l’on fait aujourd’hui à l’avant port faciliteront un jour les observations proposées, on forme une jettée qui suivant le premier projet devoit etre de 350 Toises, mais que l’on est <determinée> determiné à continuer7Brouillon (ibid.) : mais on se propose de la continuer
. par la suite autant que les fonds le permettront : alors, si l’extremité de la jettée étoit portée jusqu’au point que la mer couvre encore dans son plus grand abaissement8Brouillon (ibid.) : encore lors qu’elle est retirée dans son plus grand abaissement
., il ne s’agiroit que de terminer cette jettée par le tambour proposé, ce qui ne seroit ni difficile, ni bien dispendieux ;
Il est douloureux pour nous, Monsieur, que des obstacles de la nature de ceux que j’ai eu l’honneur de vous exposer s’opposent au desir que nous avons de concourir [2 v] à ce que l’Academie des sciences desire. 9Le texte qui suit, jusqu’à la fin de la lettre, est absent du brouillon (f. 150r).Si malgré ces obstacles vous pensez que l’on puisse faires quelques observations utiles, faites moi l’honneur de me l’ecrire et soyez persuadé de tout notre zéle et du mien en particulier.
Je suis avec respect Monsieur Votre tres humble et tres obeissant serviteur
Seignette10Paraphe bouclé.
Assess.r au Presidial
second secr. perp. de l’Acad.e