Transcription
[1 r] Ce 23 fevrier
J’ai lu, Monsieur, le mémoire sur lequel vous avez la bonté de me consulter. Il y a longtems que <les [?]mes> l’on a proposé ou la longueur d’un pendule, ou celle d’une portion d’arc mesurée sur la surface de la Terre. Les dégrés de latitude et de longitude varient, et |leurs differences| n’ont pu même jusqu’ici être assujetties à aucune loi précise. Il en est de même de la longueur du pendule. Ainsi pour avoir une mesure invariable il faudrait prendre pour élément ou un certain arc de la Terre mesuré à un point déterminé de sa surface, ou le pendule qui dans un lieu déterminé battrait les secondes. Par éxemple les variations que la difference de température cause dans la longueur du pendule et qui influeraient aussi dans la mesure de l’arc de la terre par ce qu’il faudrait <pouv> y comparer une toise susceptible aussi d’être allongée ou racourcie, ne doivent pas embarasser, par ce qu’il faudrait <ajouter> prendre <en général> <leurs> |non une verge egale a| la longueur du pendule qui bat les secondes a Paris par exemple, |mais une verge <égale> qui etait égale| à
la longueur du pendule qui bat les secondes a Paris lorsque la température etait à un tel dégré <et de même> : ces deux moyens d’avoir une mesure invariable sont également bons dans la Théorie, reste à discuter lequel des deux offrirait moins de difficulté dans l’éxécution pour parvenir à une précision égale. Le mieux serait de les emploier tous deux. Quant à l’unité de poids nous ne connaissons encore rien de satisfaisant. Les difficultés chimiques et Phisiques de se procurer un corps d’une mesure determinée, homogene dans toutes ses parties, et qu’on put retrouver toujours à une même densité lorsque la temperature est la même, ces difficultés ont arrêté jusqu’ici.
[1 v] Vous voyez, Monsieur par cet exposé éxact de l’etat de la question que le memoire que vous avez eu la bonté de m’envoier, n’est pas propre a la decider. Je ne l’ai comuniqué à persone et je le garde jusqu’a ce que vous me disiez l’usage que vous voulez que j’en fasse.
Daignez agréer, Monsieur les assurances de mon respectueux attachement.
le Mis de Condorcet
[2 r vierge]
[2 v] [Adresse et marques postales]