Transcription
[1 r] Messieurs,
Par M. Jules Delafosse
Le but que je m’étais proposé en soumettant à votre Examen, un instrument que vous avés enregistré sous le nom de quartier de réduction était de vous démontrer par cet instrument, la possibilité d’avoir le moyen paralelle qui répond aux divers espaces de latitude, espaces que l’on compte tout ordinairement sur le pied de 20 lieues ; quoique l’on sache bien que pour le rétrécissement des méridiens vers le Pôle, ces espaces vaillent plus ou moins de 20 lieues, à mesure qu’on s’approche, ou qu’on s’éloigne des Pôles, ou de l’Equateur. C’est, vous le savés, Messieurs, l’incertitude sans cesse variée de ces espaces, qui jusqu’à ce jour, a empêché de déterminer la véritable Longitude.
Depuis longtems, Messieurs, vous avés aprouvé un instrument apellé Quartier de Réduction ; vous lui avés même donné la préférence sur les Cartes marines, à cause de la facilité qu’il vous offrait d’obtenir, par les Rumbs de vent et la latitude observée, le moyen Paralelle, et par conséquent l’ouverture de l’Angle qui fait connaîtreAccent circonflexe au-dessus du point. la véritable distance du point d’où l’on est parti, en formant cet angle avec le Rumb de vent et le méridien du départ.
L’instrument <que j’ai l’honneur de vous présenter aujourd’hui> que j’ai eu l’honneur de vous présenter n’est autre chose que ce même quartier [1 v] de réduction que je crois avoir porté à son dernier dégré de perfection ; voici comment j’y suis parvenu.
Au centre de l’Alidatte qui subdivise par minuttes et secondes les dégrés de l’angle de 45, j’ai adopté un Equerre qui d’un côté sert d’Indicateur. Cet Indicateur désigne sur la Diagonale du Triangle, le vrai moyen paralele proportionnel au dégré de latitude, et fait connaitre par là d’une manière précise et déterminée la véritable longitude ceci demande à être développé.
Dans l’impossibilité de connaitre le juste rétrécissement des Espaces vers les Pôles, on a pris le parti de les évaluer toujours à 20 lieues, quoique dans tous les dégrés de latitude on ne leur connut pas cette même valeur. L’incertitude de ce calcul de convention a produit celle <de la longitude> du moyen paralelle, et celle-ci a produit celle de la longitude.
Pour détruire cette erreur, j’ai remonté à son principe ; et j’ai cru que si je pouvais parvenir à donner dans tous les dégrés de latitude le véritable moyen paralelle proportionné au rétrécissement des espaces vers les Pôles, j’établirais d’une manière fixe et déterminée la véritable longitude dans tous ces dégrés.
En effet, la certitude de la longitude depend de celle du paralelle, la certitude du paralelle, [2 r] dépend de celle de l’espace et la certitude de l’espace dépend de celle du rétrécissement des méridiens vers les Pôles ou mon Indicateur marque d’une manière fixe et déterminée ce dégré de rétrécissement ; de cette connaissance résulte la connaissance certaine de l’espace ; de la connaissance de l’espace résulte celle du moyen-paralelle, et de la connaissance du moyen-paralelle résulte celle de la longitude.
Je me propose, Messieurs, de vous prouver ce sistême d’une manière évidente, en en raportant tous les principes aux opérations de la machine que j’ai eu l’honneur de soumettre à votre Examen.
Monsieur Dagelet votre confrére avait été chargé d’un rapport à ce sujet sur un premier mémoire que j’avais eu l’honneur de vous présenter ; mais malheureusement pour moi, le Gouvernement l’ayant distrait de cette opération, il ne m’a laissé en partant qu’une approbation verbale plus agréable qu’utile à mes projets.
Après son départ, ce raport fut confié à un de vos membres, que d’autres occupations, sans doute, ont distrait de cet examen. En effet, soit que ce mémoire fut mal conçu, soit que mes travaux ne méritassent point son attention ; il a rejetté sur le simple titre de l’ouvrage, une opération qui m’a couté dix années d’un travail assidu et douze mille francs de frais ; et qui joint à cette importance [2 v] le mérite d’avoir été approuvée par Monsieur Dagelet dont les lumières et la Sagacité sont assés connues.
J’espére, Messieurs, qu’avant de me condamner, vous m’accorderés la grace de m’entendre, et qu’un corps aussi respectable ne désaprouvera point légérement le travail d’un citoyen qui a sacriffié dix années et une portion de sa fortune au désir d’être utile à Sa Patrie et agréable aux juges dont il attend l’arrêt.