Transcription
[33 r] Ce 11 Mars 1790
Je fais de tendres compliments á Monsieur le Marquis de Condorcet. Je crois devoir luy donner avis qu’on m’a confirmé aujourd’huy, qu’un decret reduisoit á 78 M L. les fonds du Jardin du Roy. J’ajoute à cet avis que la depense de cette année, quoique menagée avec une Oeconomie qui tient de la parcimonie, monte á environ 97 M. L., et que si on persiste à vouloir laisser les fonds á un <[... ?]> taux aussi bas, cet Etablissement qui peut etre aussi utile qu’il est beau, ne pourra pas se soutenir mais comme le decret dont on m’a parlé ne doit avoir son effet qu’à compter du 1.er Avril il est peut-être encore tems d’obtenir qu’il soit reformé. Je pense qu’en attendant des tems plus heureux, cela peut aller passablement si on donne 100 M. L., cela iroit assez bien avec 110 ; Je dois [33 v] aussi dire á Monsieur de Condorcet, et qu’il sait peut-être dejà, que non seulement on veut diminuer le traitement de l’intendant, mais qu’on a eté bien bien tenté d’en supprimer la place. Les amis de Monsieur de Condorcet en nous servant l’un, et l’autre, et l’etablissement serviroient en même tems la patrie et les sciences. Je le prie de me faire savoir s’il a dejà fait quelque demarche, et s’il en conçoit quelque esperance. Je ferai1Lire feroi
? moi-meme peu de demarches elles paroitroient interessées, et dés lá deviendroient suspectes ; Je crois que le ministre nous est tres favorable, mais il seroit bon que des personnes qui ne tiennent pas à la chose, et qui ont du credit á l’assemblée parlassent avec un peu de force pour tacher de reformer <le> ce facheux [34 r] decret, et cela auroit deux avantages, celuy de conserver un etablissement brillant et utile et celuy de faire honneur à l’assemblée.
J’embrasse Monsieur de Condorcet, et le prie de trouver bon que j’offre mes respectueux homages à Madame la M.ise de Condorcet.
[34 v vierge]