Transcription
[285] Permettez-moi, Monsieur, de vous rappeler la promesse que vous m’avez faite de me donner une notice sur la vie de M. Tronchin. Je serais faché de ne pas pouvoir faire son éloge au mois de Novembre, d’autant plus que suivant toute apparence cela le retarderait d’un an au moins.
J’ai recu un livre Constitutionnaire, je vous en remercie, mais je ne l’ai pas lu, et j’attendrai pour le lire que Geneve soit tranquille. J’ai vu avec douleur <qu> en parcourant ce livre qu’on y régretait de n’avoir assas[s]iné legalement que trois homes en 1707, et cela m’a fait craindre pour 1782. J’ai été blessé aussi de voir que les magistrats devaient être autre chose que les commis du peuple. J’avoue que je n’ai jamais rien imaginé de plus grand que d’être choisi par une nation pour veiller sur ses interets. D’ailleurs cela n’est pas adroit. <[... ?]> M. Hennin commis de M. de Vergennes trouvera-t-il bon que les magistrats de Geneve ne veuillent pas être commis ? Francklin, Vasingthon, Laurence sont les commis des planteurs d’Amérique, et les membres du senat britannique qui sont commis <de leur> d’un bourg ou d’une [sic] comté ! <Et>1Surchargé par Tous
, mot qui a été réécrit ensuite pour être plus lisible. Tous ces gens-là trouveront vos magistrats bien fiers. On pourrait dire <q> si ce n’etait pas une espece de blasphême que M. le comte de Vergennes lui même etant revocable à volonté n’est que le commis du roi de France.
[286] J’espere cependant que tout ira bien ; M. de Jaucourt etablira dans Geneve la paix et l’opera comique ; <et vos [... ?]> vos Dames et surtout vos Messieurs seront bientot excedés de la galanterie francaise, savoiarde et <suisses> suisse, <et> si jamais il <rev [?]> venait de nouvelles querelles, on fera lire en plein conseil la fable du jardinier et son seigneur et tout s’appaisera.
Ne perdez du moins qu’aussi peu qu’il sera possible en conservant la dignité du petit conseil, du roi de France, <de> des illustres cantons, et du <bienheureuse> bienheureux Victor, afin que les gens qui ont de l’humanité puissent dire de nos soldats
qu’ils ont tous fait en depit de vos saints
plus de batards encore que d’orphelins.
Come il [est] fort question de demagogues dans le livre Constitutionnaire, j’ai cherche ce mot dans mon dictionnaire il signifie qui conduit le peuple, ainsi voila vos negatifs redevenus demagogues, et ne differant des autres qu’en ce que les expulsés conduisaient le peuple par des argumens, et que <le [?]> ceux-ci le conduiront entre deux rangs de baionettes francaises.
[287] Pardonnez-moi, Monsieur, le faible que j’ai pour les gouvernemens democratiques, pour ceux ou regne l’egalité, et oú tous les droits des homes sont conservés. Ce gout n’est pas fondé sur les2Lire : des
. lumieres fort etendues, mais il est absolument désinteressé ; et je ne puis souffrir qu’on dise á une classe d’homes <qu’elle> <quelqu> quelconque qu’elle n’est pas digne de soutenir ses droits et de les exercer. Si jamais je lis le livre Constitutionnaire je commencerai par effacer l’epigraphe.
Agreez, je vous supplie, Monsieur les assurances de mon attachement et de mon respect.
[288] [Adresse et marques postales]