Transcription
[1 r] à Rhode Le 19. 9.bre
1776.
Messieurs
Je desirerois de tout mon Coeur pouvoir me flatter que le sujet de cette lettre interessa votre Curiosité.
En chassant sur les montagnes de cette ile, j’ay rencontré un membre viril petrifié. Des mures attentions m’ont fait aperçevoir que ce phénoméne n’avoit pû
s’etre formé de luy seul, ni avoir pû l’etre par main d’homme ; la nature s’est icy secondée dans un different genre, et dans ce morçeau unique, elle laisse entrévoir une petrification exterieurement parfaitte ; mais le Canal de l’uretre que l’air n’a pas [1 v] |aparement| assés penetré, est encore tendre, friable, et Blanchatre ; l’orifice du gland est d’aprés nature ; les témoins sont renfermés, je pense, par la grosseur qui se manifeste à la racine de cette piece sous l’ecorce de cette petrification. Une main habile pourroit, je crois, les decouvrir, en otant, s’il se peut, les Couches petrifiées que le laps de tems y a formé. J’ay trouvé, Messieurs, cette piece en deux morceaux parfaits dans ses rapports, ils aideront à l’analyse qu’on en faira.
Trés peu au fait, Messieurs, de ces sortes d’Etude, je vous deffere l’homage de cette trouvaille, j’aurois cru avoir rencontré un tresor, si ce morceau bizarre peut, par sa curiosité, vous étre agreable, [2 r] je ne demanderay pour recompense que l’honneur de vous le faire agréer, et de me marquer le jugement que vous en porterés.
J’attends, Messieurs, votre permission pour vous l’envoyer.
Je suis avec un respectueux attachement Messieurs Votre trés humble & trés obeissant serviteur
De Pothonier.1Signature avec paraphe soulignant encadrée à gauche de trois points entre deux traits parallèles et à droite d’un signe de limitation.
Consul.
[2 v vierge]