Transcription
[1 r] Monsieur le Marquis,
La fin de la tenue des Etats de Brétagne, & le retour de M. l’Evêque de Dol qui y présidoit l’ordre de l’Eglise, viennent de me1Ce mot a été écrit deux fois consécutives. procurer l’occasion de communiquer à ce Prelat la reponse obligeante dont vous m’avez honoré il y a environ deux mois2Cette lettre n’a pas été retrouvée. sur le petit Mémoire par moi vous adressé au sujet d’une machine hyrdulique [sic] de mon invention. Il a paru y prendre le plus grand intérêt ; lui & tous les gens notables de sa ville Episcopale & des environs désirent que mon Projet puisse être favorablement jugé par M.rs de l’Académie, afin d’aviser le plutôt possible aux moyens de le faire exécuter dans le païs, non seulement pour le feconder, mais encore plus pour y procurer la salubrité de l’air, dont la contagion actuelle (causée par les eaux stagnantes de nos marais) désole de tout tems la population Doloise, & empêche absolument qu’aucune des troupes de Sa Majesté, puisse y [1 v] faire le moindre séjour, qui ne lui soit nuisible.
En vrai Patriote je m’étois depuis longtems occupé de la recherche d’un moyen qui fut tout à la fois simple & puissant ; facile & peu coûteux, tant dans ses frais de premiere exécution, que dans ceux d’entretien. Je crois aujourd’hui l’avoir trouvé ; & sans savoir ni pretendre que mon Projet soit nouveau, j’ai pris le parti de le réaliser en petit : J’ai eu tout le succès que je pouvois en attendre. Je crois, d’après plusieurs essais, qu’il seroit propre à opérer les desséchemens qu’on désire ici, & qu’on n’en doit pas retarder l’usage. Outre ce premier objet, il semble qu’il en embrasseroit d’autres, si ce n’est par celui de Marly, dont la simplification est agitée, il seroit utile aux Vaisseaux qui pour soulager leurs voies d’eau n’ont eu jusqu’à présent que des Pompes aspirantes d’un effet lent nécessairement, & d’un médiocre produit. Ma Machine est plus prompte & plus abondante. J’ai déja eu l’honneur de vous le marquer dans mon petit Mémoire, que je vous [2 r] prie de conserver, ainsi que la présente lettre. J’espère être sous six semaines à Paris, où, à mon arrivée, je m’empresserai de vous offrir l’hommage de mon respect. J’aurois voulu me dispenser de ce voyage & me borner à vous fournir le dessein de mon Projet, que vous demandiez ; mais quelques choses que j’aie representé à mon Evêque, il exige que je paroisse devant M.rs de l’Academie, afin de leur exposer mes idées & de profiter des leurs. Pour me déterminer, & vu mon mince revenu, il prend sur son compte les dépenses que me causera cette démarche, qui aura lieu aussitôt la Paque terminée.
Je suis avec un respect profond, Monsieur le Marquis, Votre très humble & obéissant Serviteur.
Chapaux3Ruche.
Trésorier de la Guerre, à Dinan, en Bretagne.
Pour M.r Mancel Desisles, Curé près de cette Ville.
Ce 22. Fevrier 1785.
[2 v vierge]