Transcription
[1 r] Moteur universel en matiere de mechanique par la force de lair inflammable de l’eau à la gloire du regne de Louis seize
[Figure]
Monsieur et Messieurs
Le retablissement de la machine de Marly devenant une machine propre à exciter l’esprit patriotique sur un objet qui devient d’utilité commune, j’ai cru que ce qu’il en rejailliroit necessairement sur toute espece de mechanique devoit me faire chercher à entrer à ce sujet dans l’idée du Gouvernement.
[1 v] J’ai envisagé le rétablissement de la machine de Marly sous un point de vuë si facile et si simple, que je croirois manquer et au gouvernement et à la societé si ĵe ne rendois pas publique ce qui peut devenir d’une utilité universelle.
Il n’est question pour faire mouvoir toute espece de machine possible que dun levier assez long pour executer chaque operation et que ce levîer soît mis en mouvement.
J’offre pour cela une Roue qu’on peut tenir aussi élevée qu’on veut car il est des sapins de la plus grande èlévation.
Cette roue dont les raïons sont à volonté pour la longeur, peut être trés legere en son espece proportionement a la grandeur par ce que le princîpal est la longeur du levier et la force de lassemblage des ceintres pour remuer le Rouet du centre qui tire sa force de la petitesse et de celle de ses bras qui traversent l’arbre ou tous les raions de la Roue doivent etre bien plus forts qu’a leur extremité.
Les supports de la Roue descendent en angle et sassemblent dans l’arbre.
[2 r] Ce moteur qui ne forme ainsi qu’une piece, donne la plus grande force possible à l’arbre couché qui porte une fusée d un bout et de l’autre quelque espece d’engrenage que ce soit par ce que la puissance de trente quarante ou cinquante pîeds |de levier|, passe dans larbre qui la communique, et ne pourroit il même pas se faire quelle se repandit à droit et à gauche en mettant plusieurs arbres couchés pour partager le poids a enlever ou les machines a mouvoir.
Toute la force de ce moteur que je propose seroit dans celle de lair inflammable de l’eau.
J’ai saisi la maniere de conduire ce premier mobile |de force| dans le moteur, et de porter sa puissance sur chaque bras du levier tout à la fois, mais il faudroit que j’en fis l’experience en faisant tourner un moulin à faire farine pour premier essai aprés l’avoir approprîé à cette manîere de nouvelle construction. Faire marcher un moulin ce seroit |icy| faire marcher toutes les machines qui sont sur la terre.
[2 v] Les differentes manieres de frapper l’extremité des leviers formant les raions de la Roue n’offriront |le choix de| la plus forte que par l’experience dans laquelle le gouvernement voudroit bien entrer, ce que j’ai deja eu l’honneur de communiquer à Monsieur de Lavoisier. En attendant si ce nouveau projet peut être aggréé je ne puis que vous reiterer les sentimens sans égal avec lesquels j’ai l’honneur d’être
Monsieur et Messieurs Votre trés humble et trés obeissant serviteur
Guerin de Beaumont
a Beaumont près Blois
1er mars 1784