Transcription
[1 r] ce 18
Allons, Monsieur, vous etes si docile, que mon secretaire et moi nous continuerons à vous donner de bons avis. Souvenez vous, comme un grand Geometre que vous etes, & n’oubliez jamais, quand vous parlez aux personnes, que la ligne droite est la plus courte qui puisse être menée depuis les pieds jusqu’a la tête. Je suis bien aise que vous ayez ecrit à madame d’Ablois , je voulois vous le mander ; tout ce qu’elle aime au monde c’est à ecrire ; ainsi elle vous mandera toutes les nouvelles, et les votres lui ont fait grand plaisir. Je vous ai donc fait une querelle avec m.lle d’Ussé, ce n’etoit pas mon intention, mais je voulois seulement lui faire sentir tout doucement qu’on ne doit attendre des soins et des attentions que de ses amis. Lui mandez vous beaucoup de nouvelles de Ribemont ? Pour [1 v] moi je vous sai[s] bien mauvais gré de ne me rien dire de madame votre mer[e] ; vous savez pourtant l’interét que je prends à tout ce qui vous touche. Je ne vous mande point de nouvelles, d’abord parce que je n’en sais point, en second lieu parce que je pense que vous ne vous en souciez gueres, en 3e lieu parce que cela est fort ennuyeux, et qu’au pis aller en se donnant patience on sait tout ; en quatrieme lieu <que [?]> parce que mon secretaire est pressé d’aller diner chez des commeres au Marais ; car chacun a ses commeres. Vous noterez aussi qu’il ne prend la peine d’ecrire que pour vous "&" m.r d’Ussé . Madame de Brienne est très menacée d’une fausse couche ; il y a trois semaines qu’elle n’a senti remuer son enfant ; on est inquiet et je crois avec grande raison . Adieu, monsieur, mon secretaire ne veut pas que je vous dise un mot [2 r] de plus,mais il ne m’empechera pas de vous aimer de tout mon cœur ; et il vous dit vale en son nom car l’amitié n’exige pas tant de verbiage.
[2 v] [Adresse et marques postales]