Transcription
[1 r] Monsieur
À mon retour de la campagne je me suis empressé de me transporter chez vous pour vous faire mon compliment sur la justice que vient de vous rendre l’Académie francoise en vous décernant une des quarante couronnes vacantes par la mort d’un de ses membres ; mais n’ayant point eu le bonheur de vous rencontrer et ne pouvant peut être me le promettre asses tôt, je prends la liberté de vous le faire par la prèsente.
[1 v] Un autre intéret m’auroit encore fait désirer de vous rencontrer que quelques circonstances m’obligent aussi de vous faire part sans differer. Je me suis trouvé à la Campagne avec un homme autrefois fort renommé, mais qui se sentant a la fin de sa Carriere s’est retiré dans une de nos maisons pour y finir tranquilement ses jours.
Cet homme accoutumé néanmoins à s’occuper n’en a pas perdu le gout et fait exècuter dans ce moment une Machine de son invention que vous pourez voir quelque jour si le succès qu’il en attend la rend digne de vous être présentée, c’est le même qui a donné autre fois le modele des Souflets a Bras pour les forges qui est dans vos mémoires ou magasin. Cet homme en parlant machine avec moy m’ayant cru de l’imagination me dit de chercher un moyen d’Empecher l’embarras des Cordes autour du Cilindre des Cabestans. L’utilité dont cet Avantage seroit a une infinité de Machine m’ayant en éffet frappé je m’en occupai avec tant d’ardeur que j’ay trouvé selon luy un moyen effectif pour parer a cet inconvenient avec [2 r] tres peu de changement aux cabestans ordinaires. Il crut mon idée si bonne qu’il a fait executer en petit un modele a ses frais qui porte cependant une corde de six ou sept ligne de Diametre. L’éffet a èté tel que je le soupconnois. Mais je veux nêanmoins y faire quelques petits changemens et quelques additions que je crois utiles et qui m’empechent encore de vous <la [le ?]> présenter ce modele.
Pour quelques raisons néanmoins je souhaiterois qu’il en fut parlè a l’Academie et savoir le cas qu’elle feroit d’un Avantage de cette nature, sur tout sur les vaisseaux pour le Cable d’un ancre qui est fort long et fort embarassant et penible a maneuvrer, ainsi que dans toutes les machines ou il doit etre d’une certaine longeur et grosseur, enfin si l’on a quelque chose à desirer à ce sujet comme on me dit que l’Academie l’a demandé depuis longtems.
Je souhaiterois pareillement que vous me donnassiez1Un ou plusieurs mots ont été oubliés après donnassiez
. Il(s) renverrai(en)t à une demande de rendez-vous de la part de Gauthey. ou l’assemblée, datte du jour ou j’ay l’honneur de [2 v] Commencer à vous parler de cette petite nouvelle trouvaille. Vous m’obligeriez et m’honnoreriez infiniment de me faire s’il est possible un mot de Reponse et si vous croyiez utile que j’ay l’honneur de vous aller trouver sans vous etre importun vous auriez la bontè de me donner votre moment.
J’ay l’honneur d’Etre avec un profond Respect et la plus haute Estime Monsieur Votre tres humble et tres obt serv.
[... ?] Gauthey Rlgx de l’ordre de Citeau
Adresse hotel d’Artois rue Guenegaut
Paris le 18 janvier 1782