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Notice
Identification et lieu de conservation
IDC744
TitreGilles Nicolas Jean MANCEL [alias DES ISLES] à CONDORCET - 8 janvier 1785 (Paris, Archives de l’Académie des sciences, pochette de la séance du 12 janvier 1785)
Nature du documentOriginal
Lieu de conservationParis, Archives de l’Académie des sciences
Cotepochette de la séance du 12 janvier 1785
Intervention(s)
Expéditeur(s) et destinataire(s)
Scripteur(s)
Instrument d’écriturePlume trempée dans l’encre noire
Dates
Date indiquée par le scripteurLe 8. Janvier 1785
Datation8 janvier 1785
Lieux
Lieu d'écriture indiqué par le scripteurDinan
Lieu d'écriture rétabli ou normaliséDinan
Lieu d'écriture indexé
Lieu de destination rétabli ou normaliséParis
Lieu de destination indexé
Papier et cachet
Description sommaire du papier

Bifeuillet in-folio, vergé écru, filigrané

Textes

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Transcription

[1 r] Monsieur le Marquis,

Votre dévoüement au bien public me fait espérer que vous ne prendrez point en mauvaise part la lettre que j’ai l’honneur de vous écrire. Mon unique but est d’être utile à la Société, si je puis en être jugé capable. Rélégué depuis six ans dans une très pauvre Paroisse de campagne, aux environs de Dinan en Brétagne, pour y exercer les fonctions Curiales, ma vie n’est pas toujours sans ennuis ; pour les charmer un peu, je me suis retourné sur la mécanique, qui, durant ma jeunesse, avoit fait mon plaisir. Cette espéce d’amusement vient de me procurer une machine dans le genre hydraulique, qui, par ses effets, a paru précieuse à tout le canton que j’habite & à la Ville que j’avoisine. On ne cesse de me presser d’en donner le Sécret & les proportions. Mon Evêque lui-même (c’est celui de Dol) connoissant que mes revenus ne consistent qu’en une chétive portion congrue de 500.lt m’a fait offre de concourir aux frais d’un voyage de Paris, qu’il désire que je fasse, afin de proposer cette machine à l’examen de MM. de l’Académie royale des Sciences. Quelque fatigue qu’il doive en résulter pour un tempérament foible comme le mien, je suis bien éloigné de vouloir m’y refuser, mais avant d’entreprendre ce voyage je désirerois avoir une certitude, ou au moins une probabilité que ma Machine soit réellement une découverte, sinon dans son invention, du moins dans ses dimensions.

[1 v] Je sens, Monsieur, combien il seroit inutile de proposer l’examen d’une chose déja connue : Il est toujours vrai qu’elle n’est pas commune & je n’ai vu dans aucuns papiers publies qu’elle ait été inventée. J’ai consulté des personnes instruites, j’ai examiné les ouvrages de Bellidor, rien ne m’a montré la Machine en question ; Le Savoir qui vous distingue vous mettra dans le cas d’en juger : voici ses caractères & ses effets.

Cette machine n’est point une grande multiplication de pompe semblable au composé de Marly, ou du Pont-Neuf. Ce n’est point une pompe à feu comme la Machine de Londres. Elle n’est ni roue à sabots, ni roue à chapelets ; Elle n’a aucun rapport à toutes ces espèces de mécanismes : Elle en exclue en toutes les complications. Elle est tout-à-la fois plus prompte, plus abondante, moins coûteuse, aussi solide, & exigeant moins de forces motrices que toutes celles dont je viens de parler. En un mot, je crois que c’est tout ce qu’on peut trouver de plus simple & de moins dispendieux dans les frais d’entretien. Son levier est aussi simple que la machine, il fournit une puissance à souhait ; au moyen d’une médiocre activité. Le travail modéré de deux hommes, les plus ordinaires en force & en adresse, lui sufiroit presque dans tous les cas où la machine seroit stable ; car si on la destinoit à des usages qui exigeroient qu’elle fut portative, alors le levier seroit diférent, mais il y en a plusieurs qui peuvent convenir à sa construction portative.

Quant à ses effets, ils sont tels qu’elle semble propre à remplir presque tous les objets. D’abord, je n’en [2 r] avois qu’un seul en vue, c’etoit de dessécher les immenses Marais de Dol mon païs, pour le dénoyement des quels on vient de faire des efforts très-coûteux & inutiles ; mais après les differents essais que j’ai fait de ma machine, je crois pouvoir assurer qu’elle peut remplir ce grand objet. Connoissant l’assiette & le niveau des dits Marais, je n’ai pas craint de promettre jetter plus de 40. bariques d’eau par minute d’heure, au moyen d’une dépense de 5. à 6000, au pis aller, qui une fois faite seroit pour longtems. En doublant la dépense l’effet doubleroit.

On peut juger delà que cette machine peut convenir à des Ecluses, des Rivieres, à des mines, à des jardins, à des moulins de toute espéce. S’agiroit-il de pousser l’eau à une grande hauteur, elle aura autant de solidité qu’il en faut pour resister au levier le plus fort de tous ceux qu’on met en usage. Ainsi, si les leviers de Marli peuvent élever l’eau de la Seine jusque sur l’aqueduc, le mien en sera capable, puisqu’au moyen d’une force motrice égale à celle des leviers de Marli, mon projet par sa construction même doit produire de plus grands effets : en modifiant cette construction, il remplira tout autre objet. Les Vaisseaux, les incendies, les cascades, tous ces objets peuvent être de son ressort.

Parlerai-je des materiaux qu’exige cette machine ? Ils sont le cuivre, le bronze, le fer fondu &a… &a… Le bois & le fer forgé ne sont propres qu’à son levier, & à quelques unes de ses dimensions.

Voilà, Monsieur le Marquis, les caractères & les effets généraux de mon Projet hydraulique. J’en avois [2 v] tracé le Plan géométrique à dessein de vous le faire passer avec la plus grande confiance ; mais je n’ai pu le raisonner de maniere à pouvoir me faire bien entendre. Je ne connois pas assez les termes téchniques. Cette consideration me détermineroit à faire le voyage de Paris, si vous le trouviez à propos. Je vous prie instamment de m’honorer d’une reponse qui me décidera à partir ou à rester.

Je suis, avec respect, Monsieur le Marquis, Votre très-humble & obéissant Serviteur.

Des jsles1Paraphe bouclé.

Dinan, en Brétagne

Le 8. Janvier 1785.

Mon adresse est chez M Chapaux trésorier de la Guerre.
A Dinan.

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