Transcription
[1] Ce Mardi
Vous savez, Monsieur, que notre affaire a été jugée hier, que l’arret, la sentence &c sont cassés, que l’on a même accordé aux accusés la permission de prendre a parti leurs premiers juges <. L [?]> ; qu’enfin ils sont renvoiés devant un Baillage sauf l’appel a un Parlement.
<Donc [?] cet état de choses> Dans l’état des choses, le parti d’abolir ce qui reste de la procédure, en terminant plus promtement l’affaire, en accelerant la liberté des accusés me parait avoir les plus grands inconvéniens. D’abord on pourrait demander pourquoi des hommes a qui on donne des juges, que même on met a portée de demander des domages et interets, en ont eté privés, ou ont désiré n’en point jouir. Dans un moment, où le bruit s’est repandu qu’il existe un procès verbal de torture où ils ont été chargés, où ils se sont vus forcés de se defendre contre cette accusation nouvelle, ou ce procès verbal a été envoié au chef de la justice : ne pas se faire juger ; s’est [sic] presque s’avouer coupable. Ils ne peuvent donc desirer de n’être pas jugés, et alors les priver d’un jugement d’absolution n’est-ce pas evidemment contrarier l’arret unanime qui vient d’etre rendu, n’est ce pas ne paraitre aux yeux du public avoir menagé l’amour propre du Parlement de Paris aux dépens de la justice et des regles. La maniere dont le jugement a été rendu hier les circonstances qui l’ont accompagnée, ce qu’a dit M. le garde des sceaux en opinant lui ont fait le plus grand honneur, [2] il perdrait une partie de ce qu’il vient d’acquerir dans l’opinion des hommes instruits des bons citoyens, s’il detruisait une partie de son ouvrage en éteignant l’affaire.
L’affaire particuliere de mon oncle reste encore à juger elle doit l’être au conseil des depêches, il serait bien a desirer pour lui qu’il put savoir a peu près l’époque du jugement. Jusqu’ici uniquement occupé de ses cliens, il n’a pu songer à sa propre défense. Il n’a pas eu le tems d’instruire ses juges. Son affaire n’est pas compliquée aussi ce n’est pas du tems qu’il demande mais seulement la possibilité de se faire entendre avant d’être jugé. Si vous pouvez nous instruire sur cet objet vous lui rendrez un très grand service.
Les lettres que vous avez eu la bonté de solliciter sont scellées, mais nous attendons pour les presenter a l’enregistrement <l’e [?]> que l’effet produit par le jugement d’hier, et celui que nous esperons du jugement que nous attendons soit un peu passé ; et que les ressentimens soient sinon éteints du moins assez calmés pour laisser place à la réflexion.
Vous me trouverez peut être bien importun, mais nous touchons au terme, et j’espere n’avoir bientot plus a vous parler que de ma reconnaissance.
Quand viendrez-vous à Paris, j’ai a vous demander des vers de Voltaire que vous seul savez et <que> qu’a present que le Roi de Prusse est mort j’ose esperer un peu que vous voudrez bien me dicter.
Agreez, je vous supplie, les assurances de mon respect.