Transcription
[1 r] Monsieur
Ayant fait des recherches sur l’Astronomie physique que j’ay eû lieu de croire n’avoir pas été inutiles, ainsi qu’il est détaillé plus au long dans le petit mémoire cy-joint, je pensai d’abord de consulter la dessus quelqu’un des sçavants de l’illustre Académie des sciences ; j’avois leur catalogue dans le livre de la Connoissance des temps pour l’année 1781, imprimé en 1778 qui m’étoit tombé entre les mains par un hazard qui est rare dans ces contrées éloignées des villes. Je fûs d’abord d’avis d’adresser directement a vous, Monsieur1Ecrit en lettres un peu plus grosses., que je voyois par ce catalogue étre le sécretaire de cette illustre assemblée, ce mémoire, soit pour l’éxaminer vous même, soit pour le faire éxaminer a quelques-uns des sçavants d’icelle qui s’occupent de l’Astronomie ; mais la multitude d’occupations que je sentois bien que cette charge devoit vous causer, m’engagea de l’adresser le premier aoust proche passé a Mr Bailly un de ces sçavants ; j’ay attendu de sa part jusqu'a présent avec une grande impatience une réponse dont je le priois de m’honorer, et me voyant avec regret privé de cette faveur, j’ay pensé que peut étre ce sçavant étoit mort, ou absent dépuis l’impression de ce catalogue ; c’est pourquoy je suis revenu a mon premier dessein de m’adresser a vous, Monsieur, comme je fais par celle cy, hardiesse que je vous prie de me pardonner, pardon que j’espère que vous ne me refuseréz pas, eû égard que cette hardiesse ne provient que du grand attrait avec lequel je suis né pour le progrés des sciences, attrait que le choix qu’on fait de vous, Monsieur, pour occuper cette place de sécretaire me fait penser que vous ne mépriseréz pas. [1 v] Comme je pense bien que vous pouvéz étre beaucoup occupé d’ailleurs, en ce cas je vous prie, Monsieur, de vouloir communiquer ce mèmoire cy joint a quelques-uns de ces illustres sçavants, en les chargeant de l’éxaminer, et de me faire parvenir leurs sentiments sur icelui par l’adresse qui y est indiquée, vous priant encore de m’honorer dans peu d’une réponse en la recommandant a M.r Duchéne marchand épicier prés de Rive à Genéve pour me la faire parvenir à Bons en Chablais, par laquelle vous me marqueréz, s’il vous plait, si vous avéz bien voulu condescendre a ma priére, et en ce cas, a quels sçavants vous avèz communiqué ce mémoire ; je ne m’arrête plus a vous interrompre, je me borne a vous prier de m’excuser, et d’etre persuadé que je suis avec tout le respect possible
Monsieur Votre trés humble et trés obeïssant serviteur
Frezier
Bons ce 17 septembre 1784.
Les changements qui auroient pû arriver dans vôtre Académie, dépuis que j’ay appris qui en étoit sécretaire, m’ont engagé a terminer l’adresse de la presente comme j’ay fait.