Transcription
[1 r] Les habitans de Ribemont petite ville que j’habite ordinairement pendant l’été se sont adressés à moi, Monsieur, pour me prier d’appuier auprès de vous une demande que je crois juste et qui est détaillée dans le placet que j’ai l’honneur de vous envoier. Je me suis presenté plus d’une fois à votre porte mais inutilement et j’esperois être enfin plus heureux a votre retour de la campagne, mais on m’a donné avis que le tems pressoit, et j’ai pris en consequence la liberté de vous écrire. J’ose vous assurer que l’exposé du placet est éxact, et que la grace qu’on y demande bien loin d’être prejudiciable <aux> au pais lui sera utile en conservant une communication prétieuse. Je ne vous parle point de l’interet particulier que j’ai a cette affaire d’ou dépend en grande partie la commodité de ma correspondance avec Paris. J’attends beaucoup de votre équité, de votre humanité, mais très peu de vos bontés pour moi. Vous êtes bien digne d’imiter les heros grecs qui même dans la guerre respectoient la patrie d’un Philosophe ou d’un artiste célebre, mais je suis bien loin de mériter de pareils égards, je ne suis encore qu’un apprenti Philosophe qui n’aspire qu’à se rendre digne de l’honneur qu’il a d’être votre confrere dans une compagnie savante <dont> a qui votre nom <fut [?]> est depuis [1 v] longtems1L’écriture de ce mot commence en bas de la page précédente
. si cher. Si pourtant vous <p> daignez croire que le titre si honorable pour moi, <et> mon zele, et le peu d’esperance que je donne méritent quelque chose, vous ne pouvez point m’accorder de grace qui me fasse plus de plaisir que celle que j’ai l’honneur de vous demander aujourd’huy. Je retourne bientôt a Ribemont et j’y aurois le plaisir de voir des gens moins malheureux et au soulagement des quels j’aurois un peu contribué. Si vous m’accordez ma démande, je vous supplie de me faire repondre le plutot qu’il sera possible ; si au contraire vous ne croiez pas devoir me l’accorder je vous prie de ne pas m’oter d’un seul coup toute esperance de reussir et d’avoir la bonté de m’indiquer un jour ou je puisse avoir l’honneur de vous entretenir à ce sujet.
J’ai l’honneur <av [?]> d’etre avec le plus respectueux attachement Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur
Le Mis de Condorcet.2Paraphe soulignant.
Ce mercredi 17 Mai.
[2 r vierge]
[2 v] [Inscriptions allographes]