Transcription
[1 r] Monsieur
Le suffrage d’un Corps, aussi sçavant et aussi respectable que l’Academie, me seroit trop honorable pour ne pas le desirer. C’est pour cela, et surtout parce que je crois qu’il seroit tres utile au progrès de mes découvertes, que je l’ai demandé, mais si je ne puis l’obtenir sur les ouvrages que j’ai eu l’honneur de vous addresser, il y a aujourd’huy quinze jours, je suis determiné a m’en passer et a ne donner aucun nouveau Memoire dans la crainte que mes premieres vues ne soient pas remplies.
Dans la These generale, Monsieur, l’usage, que vous m’avez opposé hier matin, me paroit tres sage et tres propre a tranquiliser les auteurs et les talens, mais que, lors même que les Auteurs se soumettent publiquement au <ju [?]> Tribunal de l’Academie et qu’ils reclament ensuite son jugement par la voye ordinaire, l’Academie n’ait pas le droit et le pouvoir de prononcer sur leurs [1 v] ouvrages parce qu’ils sont publics, et qu’elle leur laisse cependant ignorer qu’elle n’a pas ce pouvoir, c’est, je l’avoue, ce que je ne peux faire entrer dans ma tête.
J’ignore, Monsieur, si cet usage est une loi positive et constitutionnelle de l’Academie, mais il me semble que ce seroit aller directement contre l’esprit de cette loi que de l’interpreter contre l’interet public, qui est la premiere de toutes les loix, et contre les Auteurs en faveur desquels seuls cet usage me paroit avoir ete introduit.
Je vous demande en grace, Monsieur, de mettre ces réflexions, ou tout au moins mes livres sous les yeux de l’Academie, c’est un hommage que je crois lui devoir pour celui de mes ouvrages qu’Elle a deja honoré de son approbation. Si Elle accueille ma demande je vous suplie de me le faire sçavoir. S’il en est autrement, j’ai trop d’interêt a informer le public de ma demarche pour ne pas l’en instruire et ne pas lui exposer les motifs qui auroient pu détourner l’Academie d’y déferer. Il importe a mes [2 r] decouvertes qu’on sache que la réclamation publique, que j’ai faite, est serieuse et qu’elle n’est pas, de ma part, une vaine rodomontade.
Je vous suplie, Monsieur, et l’Academie de vouloir bien ne pas perdre de vue que le motif de ma demande et de mes representations n’est point mon interêt particulier, mais le plus grand et le plus cher des interets de toute la societé.
J’ai l’honneur d’etre avec un parfait respect
Monsieur
Votre tres humble et tres obeissant serviteur
Maupin1Paraphe bouclé.
a Paris le 4. X.bre 1779.
[2 v vierge]