Transcription
[1 r] Messieurs
J’ai L honneur de soumettre a votre examen une nouvelle construction de metier propre a la fabrication des etoffes de soye, des gazes &c. Ce nouveau metier donne un avantage réel sur tous ceux dont on s’est servi jusqu’a present. Il tient beaucoup moins de place, il est moins dispendieux, on travaille dessus avec plus de facilité, il n’est pas suceptible d’etre etayé, et ses estayes ne sauroient borner la clarté dont on a necessairement besoin dans les fabriques, ou L’on est obligé de placer plusieurs metiers, les uns a coté des autres.
Ce metier occupe environ un tiers de largeur de moins que les metiers ordinaires ;
de sorte qu’on peut aisement placer trois de ces metiers dans un emplacement qui ne pouroit en contenir que deux des anciens. Quant a la longueur elle est telle qu’on peut L’etendre a volonté sans aucun [1 v] fraix ni perte de tems,
autant que le local le permet cette proprièté est d’autant plus avantageuse pour la fabrication des etoffes et gazes qu’elle peut servir a donner des longueurs proportionnées a L’elasticité de la soye qu’on employe pour les chaines.
Par cette nouvelle invention, les fabriquants et les ouvriers ne seront plus bornés a la longueur des appartements ; deux et meme trois pieds de difference ne sauroient les arretter pour la loccation d’un nouvel atelier. D’ailleurs on trouve une econnomie dun tiers sur la L’ocation d’une fabrique ce qui devient d’une grande consequence tant pour L’un que pour L’autre.
On peut transporter ce nouveau metier d’une place a une autre, dans une fabrique sans etre obligé de le demonter meme etant monté à la tire, suivant le sisteme de m.r Delasale et avec la mecanique a travailler sans tireur. Ce transport peut se faire sans rien deranger de la quarrure du metier, on ne pouroit avoir cette faculté avec les cassins a queue de rame, par ce qu’on ne peut mettre <les> ces cassins en usage sans etre forcé d’etayer les metiers qui les portent qu’elles que soient leurs constructions. C’est ce que pouront facilement reconnoitre Messieurs les commissaires que votre savante compagnie voudra bien avoir la bonte de nommer pour en faire L’examen. Ils verront en meme tems une nouvelle methode pour faire Les armures des gazes ; soit pour celles qui sont unies soit pour celles qui sont façonnées.
Cette nouvelle maniere d’armer ces etoffes est si avantageuse pour la fabrication de ces genres detoffe que non seulement elle n’est pas suceptible de se deranger ainsi qu’il arrive a tous les anciens usages, mais par son arrangement on suprime les ailerons, les carquerons, et les tire lisses, dont on se sert partout ailleur.
Tout ce qui concourt a former [2 r] cette armure est reduit dans L’interieur du metier : par ce moyen elle ne tient aucun espace exterieur. Les ouvriers peuvent donc agir en pleine liberté tout autour des metiers : liberté
qu’on n’a pas par les anciennes armures.
Ces armures Messieurs ainsi que la nouvelle construction du metier que j’ai L’honneur de vous presenter sont deja mis en usage par plusieurs fabriquants et ouvriers de cette ville. C’est d’aprés leurs acceptations que je n’ai pas crain de vous <la [?]> les presenter dans L’esperance que vous voudres bien m’honnorer de vos suffrages autant que vous jugerés que nos manufactures et nos ouvriers pouront en retirer quelques avantages car tels ont ete les |premiers| sentiments qui m’ont determine a ces sortes de recherches. J’ose me flater que votre aprobation sera d’un tres grand poid pour y faire apporter toute L’attention du ministere et que par elle on en fera jouir toutes nos villes de fabrique en attendant ces soins de votre part j’ai L honneur d’etre avec un profond respect
Messieurs Votre tres humble tres obeissant serviteur
Paulet1Signature avec paraphe bouclé et précédée de deux traits obliques.
auteur du fabricant d’etoffes de soye
A Paris ce 14 juin 1777.
[2 v vierge]
