Transcription
[1 r] Paris le 24 avril 1788.
La Jurisprudence, des Tribunaux, Monsieur, ne permet point aux habitans des Campagnes de faire usage des grandes ni des petites rivieres pour rouïr leurs chanvres, lorsque les Eaux après avoir circulé dans les Rotoïrs rentrent ou peuvent rentrer dans ces Rivieres ; l’on prétend que ces Eaux imprégnées de L’odeur du chanvre font perir le Poisson, qu’elles sont insalubres pour les hommes, Enfin l’on s’eleve contre la multiplication de ces Rotoirs, on en rend l’usage, quoique nécéssaire, fort difficile en général, l’on assujettit, à ce que l’on prétend le Cultivateur à des gênes ou à de petites Véxations dont il ne peut se racheter qu’avec de l’argent. L’on contrarie par de tels moyens la culture du Chanvre, qu’il seroit si important et facile d’encourager. Nous voudrions y donner des soins, et faire césser s’il etoit possible des obstacles qui s’opposent dans la Province de L’isle de France à ses progrès.
[1 v] Mais, si il [sic] est réellement important pour la <salubrité> santé des hommes et pour la conservation du Poisson de prévenir le mélange des Eaux qui entrent dans les rottoirs avec celles des Rivières, loin de blamer le zele de ceux qui éxercent cette Police on ne peut que le louer ; si au contraire il est l’effet du Préjugé on n’a d’autre aliment que le desir de maintenir des gênes dont on s’affranchit pour quelque rétribution, ou dont les infracteurs qui n’ont point contribué, sont punis par des amendes. Il seroit juste de s’elever avec force contre ce Prejugé, d’eclairer les Magistrats et de recourir au Gouvernement pour affranchir le Cultivateur de pareilles entraves qui sont le fait de l’ignorance et d’anciens Préjugés.
C’est à l’Académie des Sciences, Monsieur, a [sic] diriger notre marche en nous communiquant ses lumieres, nous ne pouvons pas choisir un guide plus sûr et qui merite à plus de titre la confiance et le suffrage publics ; nous vous prions donc, Monsieur, en offrant aux membres aussi respectables qu’eclairés de cette compagnie, nos hommages sinceres, de vouloir bien mettre sous leurs yeux le [2 r] mémoire que nous a adressé le Bureau Intermd.re de Melun, et de nous faire part des réflexions et des sentimens de l’Academie sur cet objet.
Nous avons l’honneur d’etre avec un sincere et respectueux attachement, Monsieur, Votre [sic] très humble et très obéissant serviteur.
Les Députés composant la Commission Intermédiaire de L’Isle de France.
Le duc du Chatelet Tilly-Blaru
D’Ailly1Paraphe bouclé. le Cte de Crillon2Idem.
delanoue3Idem. Crette de Palluel4Idem.
béthisy.5Idem. De la Bintinay6Idem.
[2 v vierge]