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Notice
Identification et lieu de conservation
IDC1970
TitreCharles Antoine LECOMTE THOMASSIN à CONDORCET - 16 décembre 1782 (Paris, Archives de l’Académie des sciences, Carton n° 1 des prix, Chemise « Fabrication du salpêtre (1775-1782) », Sous-chemise « Reçu des pièces et suppléments pour Prix du Salpêtre, 1er et 2e concours»)
Document de référenceOui
Statut éditorialLettre retenue
Nature du documentOriginal
Lieu de conservationParis, Archives de l’Académie des sciences
CoteCarton n° 1 des prix, Chemise « Fabrication du salpêtre (1775-1782) », Sous-chemise « Reçu des pièces et suppléments pour Prix du Salpêtre, 1er et 2e concours»
Intervention(s)
Expéditeur(s) et destinataire(s)
Instrument d’écriturePlume trempée dans l’encre noire
Dates
Date indiquée par le scripteurle 16.decembre 1782.
Datation16 décembre 1782
Papier et cachet
Description sommaire du papier

Cahier de deux bifeuillets in-folio cousus par deux faveurs bleues, vergé légèrement azuré, filigrané.

Textes

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Transcription

[1 r] a S.t Omer le 16. decembre 1782.

Monsieur

J’apprends par le Mercure de France N.° 48 du 30. novembre dernier (page 232) que l’académie Royale des sciences, en sa Séance du 13 dudit mois, a trouvé digne de quelque attention, le mémoire N.° 29 premier concours, ayant pour devise : Sic materüs arte dispositis, naturâ duce, abundanter generabitur nitrum. dont l’auteur n’etoit point connu, et que l’académie (page 233) invite a se faire connoitre.

Malheureusement, Monsieur, Je ne puis me nommer sans y joindre des circonstances bien désagréables pour moi, ce qui d’un coté me determineroit a rester inconnu, parce qu’il n’est pas dans mon caractere de récriminer contre qui que ce soit ; d’un autre coté, je dois à un associé rempli de talens, qui a contribué avec moi aux épreuves et à la formation dudit mémoire, tout le temoignage qui lui est du ; et je ne puis d’ailleurs me refuser à moi meme, la satisfaction de publier mes connoissances et d’offrir mes foibles lumieres a la face de l’univers ; mais ce sera qu’avec toute la circonspection que me suggerent les Sentimens d’honneur, que je tiens de l’éducation que je me flatte d’avoir recüe.

Je me contenterai donc, Monsieur, d’exposer que j’ai éxercé pendant vingt sept ans la direction des poudres et salpêtres au departement de S.t Omer, lorsque cette partie etoit adjugée à des compagnies, et ce à la satisfaction de mes commettans, temoins les comptes fidels que j’en ai [1 v] rendus, dont je tiens les doubles arretés, témoins encore les éloges en maintes lettres obligeantes que j’en ai recües.

La poudre fabriquée par mes soins, a été reconnue la plus forte parmi celles de diverses fabriques, Si par de toutes celles du Royaume, dans des épreuves de comparaisons, qui ont été faites sous les yeux de feu Mgr le Comte d’Argenson lors Ministre et secretaire d’Etat de la guerre ; et J’ose me flatter que j’ai acquis en ces matieres des connoissances utiles par mon application, guidé d’ailleurs par des instructions de feu mon pere décedé Colonel au corps Royal d’artillerie, et celles d’un oncle encore vivant, ancien colonel dudit corps, dont les talens sont connus.

Neanmoins je ne scais par quelle fatalité, l’on le fit en 1759 l’injustice la plus criante de me revoquer, et pour y parvenir sous une prétendue lueur de raison, l’on employa contre moi des imputations sur des faussetés insignes, reconnües telles par un jugement de M. de Caumartin lors intendant de Flandres et d’Artois (presentement Prevot des Marchands de la ville de Paris) contradictoirement rendu le 7 Janv.r 1760, auquel la compagnie n’a pu s’empecher d’adhérer.

Je fus à Paris solliciter mon remplacement, mais je fus balloté de bureaux en bureaux, et obligé de revenir chez moi penetré de douleur : il me fut impossible d’oublier l’injustice que l’on m’avoit faite ; je m’adressay en dernier lieu a un Ministre integre, et lui exposai mes griefs, mais la reponse désobligeante que j’en reçus me prouva que ce ne pouvoit etre qu’un coup de griffe émané de quelque buraliste ; cette réponse n’etant point consequente avec elle meme Je ne Sçaurois me persuader qu’un Ministre aussi équitable et bienfaisant l’ait lüe et encore moins dictée.

Quoiqu’il en soit, Monsieur, si la haine et la Cabale [2 r] ont sçu ainsi me mal-mener, elles n’ont pu réussir a me priver de la confiance de mes concitoyens qui me connoissent dés ma naissance : la place de trésorier receveur des finances de cette ville de S.t Omer étant venüe a vaquer a la fin de 1765 a la nomination des officiers municipaux et notables de la ville, elle me fut conférée par la généralité des suffrages ; ensuite celle de receveur général du Don-gratuit des villes de la province ayant aussi vaquée, les deputés desdites villes m’y nommerent aussi par procés verbal d’élection, en leur assemblée à Arras du 29. decembre 1767 ; mais cette derniere partie ayant été depuis mise en régie audit Arras, je m’en trouve privé ; néanmoins il me reste l’applaudissement de toute la province sur ma gestion dudit Don-gratuit, comme celle de la recette de cette ville que j’éxerce encore.

Sur l’avis que je donnai a M. de Caumartin de ma nomination J’eus l’agrément d’en recevoir la reponse suivante.

de Paris le 15 mars 1766.

Je vous félicite, Monsieur, de la commission de receveur, de la ville de S.t Omer, qui vous a été donnée, Je suis persuadé que vous vous en acquitterez bien, et que cette marque de confiance de la part de vos concitoyens, effacera de l’esprit de gens prévenus, les impressions défavorables qu’avoit pu donner contre vous, la querelle qui vous a été suscitée il y a quelques années, pour vous oter la direction des poudres, et en disposer en faveur d’un tiers. Je me rappelle très bien que les motifs de votre Justification me parurent alors solidement établis, et que si J’eusse été le maitre de prononcer, vous auriez conservé votre place.

Je suis &.a

signé Caumartin.

Voila, Monsieur, les circonstances que je crois inséparables [2 v] de mon nom pour les personnes desquelles je n’ai pas l’avantage d’etre connu ; bien d’autres que moi, eussent enseveli dans l’oubli la partie des poudres et salpêtres, aprés des revers de cette nature, mais suscité par les vues patriotiques de l’utilité pour le bien de l’Etat que je préfere à mes interets propres, J’ai cru devoir m’étudier a étendre au plus possible mes connoissances en ces parties, et m’etant parvenu que toutes les puissances de l’Europe s’empressoient a faire faire des recherches sur la propagation du nitre, que je scavois depuis long tems etre fort rare en France, je me suis haté de me procurer tous les mémoires qui viennent d’etre publiés et que j’ai pu recueillir (choses nouvelles qui n’existoient pas aux tems des compagnies) et à la vue du programme publié par ordre du Roy, J’ai présumé pouvoir hazarder des épreuves avec espérance de quelques succès, et pour d’autant mieux parvenir a les etablir et en développer les résultats selon les principes et les regles de l’art, J’ai Jugé a propos de recourir aux lumieres du sieur Augustin Damart maitre en Pharmacie et chimie en cette ville, a la sagacité duquel J’ai l’obligation des découvertes que nos opérations ont produites.

Je n’ai pas jugé convenable de les réiterer en grand pour le second concours, ma fortune ne le permettant pas, mais nous croyons avoir établi des moyens Surs de réussir par nos projets d’établissemens, analogues à nos expériences et aux Systemes deja établis par les mémoires les plus fondés en apparence ; nous ne manquerons pas de nous procurer avec avidité ceux ultérieurs que l’academie se propose de faire publier Suivant ce [3 r] qu’annonce le Mercure.

Si vous Jugez, Monsieur, que nos opérations méritent quelque mention honorable, je vous Serai infiniment obligé de la faire insérer dans le Journal de Geneve, surtout à l’égard dudit sieur Damart, en faveur duquel, je prends un vif interet, et auquel la renommée qu’il mérite peut etre avantageuse dans sa profession. Le Sieur Peureux de Melai porteur de la présente, qui vous a remis notre mémoire, est aussi porteur de votre récépissé du 31 Mars 1777. ; Je vous serai obligé, Monsieur, de vouloir bien lui faire compter les 800 livres qui nous sont adjugées pour prix de nos productions ; la quittance qu’il en donnera en notre nom servira de décharge à qui il appartiendra, de laquelle je vous prie, Monsieur, d’avoir la complaisance de lui remettre ou faire remettre une ampliation, au bas d’une copie de votre récépissé, comme aussi de me faire L’honneur de me marquer, s’il est necessaire de quelqu’autre formalité, pour toucher ladite Somme.

J’ai celui d’etre très respectueusement Monsieur Votre très humble et très obeissant Serviteur.

Lecomte Thomassin1Paraphe bouclé.
tresorier Receveur de la ville.

P. S. Les Marques de bienveillance dont M. de Caumartin [3 v] n’a cessé de m’honorer me sont dans ce moment un motif bien interessant, a lui faire part de ma participation au concours, en consequence j’ai cru ne pouvoir mieux faire que de lui adresser comme je fais, copie de la presente Lettre.

[4 r vierge] [4 v vierge]
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Contenu

A « app[ris] par le Mercure de France N.° 48 du 30. novembre dernier (page 232) » que lors de la séance de l’Ads « du 13 dudit mois », son mémoire [ayant concouru au Prix sur la fabrication du salpêtre pour l’année 1778, reporté en 1782] avait bénéficié « de quelque attention » et qu’il était « (page 233) invit[é] a se faire connoitre ». Relate sa carrière à « la direction des poudres et salpêtres au departement de S.Omer », entravée en 1759 par « la haine et la cabale ». A ensuite obtenu, fin 1765, « la place de trésorier receveur des finances de cette ville de S.Omer », puis, fin 1767, celle de « receveur général du Don-gratuit des villes de la province [d’Artois] », dont il se trouve à présent « privé ». A toujours bénéficié du soutien d’[Antoine Louis Lefebvre de] Caumartin. Cite notamment une lettre du 15 mars 1766 qu’il a reçue de lui. A été aidé dans ses « opérations » par Augustin Damart. Ces opérations, selon lui de grande qualité, n’ont pu être reproduites, parce que trop coûteuses, à l’occasion du « second concours » [pour l’année 1782]. Si l’Ads estime qu’elles « méritent quelque mention honorable », prie la compagnie parisienne de « faire insérer » cette mention « dans le Journal de Geneve ». Indique que « Peureux de Meslay » servira d’intermédiaire pour le versement des « 800 livres » attribuées par l’Ads. Précise qu’il envoie une copie de sa lettre à Caumartin. 

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