Transcription
[81 bis r] a Paris le 1er 8.bre
Nous avons quitté Nogent hier au soir et ce n’est pas sans un grand serrement de coeur de notre bonne amie qui brule d’y retourner. Elle ne sort pas d’enchantement ; les promenades lui paroissent delicieuses ; elle a trouvé les Champs Elisés dans cette isle de la Marne ; on nous coigne sur la tête des les 5 heures du matin, nous en dormons moins mais nous en vivons davantage. Veritablement, mon bon ami, le sejour de Nogent me plait beaucoup, et je crois que vos parens y seront a merveille. Mad.e Broutin a eu affaire ici ; demain nous avons un diner que M. de Garville nous donne [81 bis v] a St-Cloud ; Ces dames retournent a Nogent mardi et moi seulement jeudi parce que je vais mercredi a la comédie de la Chevrette. Je ne sais pourquoi je vous conte tous ces détails dont vous n’avés que faire a Valenciennes ; mais je suis plein de Nogent et je parle de ce que j’aime a ce[ux] que j’aime.
J [?]1Suard a oublié de barrer cette lettre.
Nous avons eu M.elle de Lespinasse et plusieurs de vos amis qui se sont tous soulevés contre le projet de couper ces deux belles allées de la terrasse ; attendés vous a de vives opositions, cela merite en effet attention.
Je ne vous parle point de nouvelles ; on neglige ces miseres de la curiosité humaine dans le calme de la solitude champêtre. Je ne vous parle pas de vos amis que je n’ai pas encore eu le tems de voir. Ma femme ne vous ecrit pas ce matin parce qu’elle est [82 r] entre les mains de son coiffeur et qu’on ne peut pas s’exposer a manquer a son coiffeur. Elle me charge de vous le dire avec bien de la tendresse.
Bonjour, mon bon ami, ce que j’aime de votre maison, même avant vos figues qui sont delicieuses, c’est que nous y trouvons sans cesse des objets qui nous occupent de vous. Aimés nous et revenés bientôt.