Transcription
[1 r] Monsieur
J’ay fait une decouverte qui a trait aux sciences, C’est a vous que j’en dois rendre compte, a vous qui Etes le depositaire des archives de leur temple.
La medecine perfectionnée seroit de tous les arts sans doute le plus utile, mais quelle est encore loin De cette perfection désirable ! Elle parle encore le langage Du charlatanisme : et souvent la témérité plutôt que Des principes certains, dirige ses operations : Le peuple les soupçonne, ces procedés indiscrets. Les hommes Eclairés les voient en gemissant, [1 v] Et les uns & les autres, en sont tous les jours La victime.
Ces reflections ont depuis longtems fixé toutes mes pensées sur une science que la routine avilit Et rend funeste au genre humain. Mes meditations opiniatres, non sur les principes d’Esculape, mais sur la constitution phisique de l’homme, m’ont Conduit a une découverte dont mes semblables Peuvent tirer des avantages prodigieux, oui, Monsieur, je possede un remede qui peut prevenir toutes les maladies, Extirper celles qui nous Desolent, & regenerer l’Espece humaine. Mes Promesses ne sont pas exagerées : ce n’est n’y L’Entousiasme n’y la cupidité, C’est la conviction qui vous les fait, que votre respectable accademie nomme des Juges ; je suis prêt d’operer sous leurs [2 r] yeux. Cent juges impartiaux, je ne les chercheray Point parmy les medecins que ma methode Doit déconcerter ; mais je serois vraiment satisfait de les trouver dans un corps dont tous les membres travaillent avec désinteressement a Etendre les lumieres, & le bonheur du genre humain.
Je voue avoüe Monsieur que mes occupations Et ma fortune ne me permettent pas d’Entreprendre Le voyage de Paris seroit-il impossible que Le Gouvernement me facillitât les moyens De m’y rendre, pour qu’on put s’assurer des avantages & de la solidité de ma découverte ? Daignés, Monsieur, m’éclairer de vos conseils.
J’ay l’honneur d’Etre Monsieur Votre tres humble & tres obeissant serviteur
Péan.
Rennes |Bretagne| Le. 14. fevrier 1785
[2 v vierge]