Transcription
[1 r] Bâle ce 2. d’avril 1783
Voici, Monsieur et très illustre Confrère, la copie que vous me demandez du Discours que mon fils a prononcé le 17 Mars jour anniversaire du décès de mon frère ; je doute que vous trouviez rien de plus que ce que vous savez dêja, mais toûjours aurai-je la satisfaction de vous avoir prouvé mon empressement à vous servir, au reste, comme ce discours n’a êté composé que pour être simplement récité le stile en est assez négligé et il a fallû toute la déférence que mon fils a crû me devoir pour le résoudre à oser l’offrir à vos yeux et nous comptons, Monsieur, que vous voudrez avoir la bonté de nous le r’envoyer après que vous vous en serez servi, si tant est qu’il puisse vous être de quelque usage, M. Amelot ne vous refusera pas sans doute son contreseing.
Mon fils le berlinois s’êtoit aussi proposé de faire l’éloge de son oncle et de le lire dans la dernière séance publique de l’Académie, mais ses occupations ne lui en ont pas laissé le tems ; il n’y a pourtant pas renoncé et il compte s’en acquiter l’hiver prochain ; il faut espérer que son ouvrage sera un peu plus lêché puisqu’il doit paroître dans les Memoires de l’Acade.
Vous avez réçû, Monsieur, la lettre que j’ai eu l’honneur de vous êcrire la veille de la reception de la vôtre ; c’est le discours ci-joint qui m’en a fourni l’occasion ; un de mes amis m’ayant têmoigné quelque surprise qu’il n’y soit pas fait mention des deux anecdotes en question, mais il n’y a rien là de surprenant, puisque l’orateur n’en êtoit pas instruit lui même, n’ayant pas êté au monde, ni près de là, lorsque mon frère les a racontées à nôtre ami.
Je joins aussi à ce <pq> paquet la thèse soûtenue en 1709 par feu M. Nicolas B. mon cousin germain que vous semblez confondre avec l’ainé de mes frères, mort à Petersbourg, cet exemplaire a appartenu à mon père et c’est par hazard que je le possède ; il a [1 v] êté imprimé avant que [je] fusse né, ainsi je n’en ai point d’autre car à Bâle non plus qu’ailleurs ces sortes de thèses ne s’impriment point pour être vendues dans les boutiques ; je m’assûre donc que vous ne trouverez pas mauvais, si je vous prie de bien vouloir me le r’envoyer avec le discours latin qui l’accompagne.
Soyez toûjours bien persuadé, Monsieur et très illustre Confrère, des sentimens respectueux et pleins de la plus pure estime avec lesquels je vous honore.
J. Bernoulli1Paraphe bouclé.