Transcription
[1 r] Messieurs
J’ay lu dans le Journal de medecine de Juillet dernier que lacademie des sciences avait fait une mention honorable du memoire N° iij. qui a concouru au prix proposé sur les moyens de preserver les doreurs au feu ou sur metaux des maladies dangeureuses aux quelles ils sont continuellement exposés, et qu’elle desirait en connoitre l’auteur, et lexhortait a rendre public son mémoire ayant pour epigraphe, Ars datur optima cui recta physicæ Juvat,
[1 v] J’ay l’honneur de luy temoigner, par la voie de ce Journal , ma reconnoissance de cette mention honorable, et de l’assurer que son exhortation est pour moi un três puissant stimulant de mettre au jour un mémoire dans le quel elle a trouvé des vües fort interessantes, surtout des qu’il concourt au but de mon etat ; mais Je supplie l’academie de m’aider elle même à remplir ses desirs tres louables en me faisant à cet effet, repasser le memoire dont Je suis l’auteur, le masque necessaire aux ouvriers qui avivent, ainsi que les deux cheminees ou forges que l’on a annoncé comme fourneau, a une des quelles sont adaptés deux ventilateurs propres a preserver les ouvriers des vapeurs très nuisibles dacide nitreux qui forment un bain perpetuel dans les atteliers en grand, et sur les quels J’ay fort insisté dans mon mémoire ayant moi même été fort affecté de ces vapeurs en parcourant les atteliers.
J’ay lieu d’attendre que l’academie qui previent toujours ce qui peut etre utile au public voudra bien se préter [2 r] a cela lors que Je luy aurai observé qu’adonné par etat à la Medecine pratique, Je ne puis Jouir du tems qui me serait necessaire pour refaire tous les modeles propres a monter en grand un attelier de doreur de grosses pieces pour en donner une idée fidele au graveur de planches, et recopier des idées Jettées sur un brouillon ou les ratures ne sont pas epargnées a cause des differentes corrections que J’ai êté obligé de faire a chaque nouvelle connoissance que J’ai acquise par la frequentation des atteliers de ces nombreuses victimes de notre luxe.
Quant au doute que l’acadèmie a porté sur la bonté de la principale cheminée dont J’ay donné le modele Je ne propose de le détruire que par des preuves, elle me permettra en consequence de l’assurer affirmativeme[nt] quelle est propre a receuillir presque tout le mercure que les doreurs de grande piece employent, et à les preserver des maladies qui en dépendent, ce qui ajoute a la [2 v] conservation des hommes une parfaite economie. Jay chez moi une cheminée construite sur le même principe la quelle a réussi tout l’hiver dernier anterieurement au tems ou le prix a été décerné.
Des doreurs que J’avais consulté sur leur art ayant eu connoissance de mes moyens avant de soumettre mon memoire au jugement de l’academie l’ont trouvé si avantageuse, tant pour les preserver des maladies dependantes de la pénétration du mercure, qu’economiqt pour conserver cette substance metallique, qu’ils sont venus, depuis que le prix est decerné, me presser de leur remettre mes modeles affin de construire leurs atteliers sur le plan qu’ils ont vu, mais une occupatio[n] ne m’ayant pas encore permis, malgré mon desir, de les refaire, Jespere que l’academie voudra bien [3 r] accelerer mon zele à luy plaire en se rendant a ma priere.
J’ay Lhonneur D’Etre très respectueusement Messieurs Votre tres humble et tres obeissant serviteur
Caullet de Veaumorel1Paraphe bouclé.
L’un des medecins de la maison de Monsieur2Écrit en lettres de plus grande taille.
rüe du Petit Hurleur.
Ce 7. aoust 1783.
[3 v vierge]
[4 r vierge]
[4 v vierge]