Transcription
[377 r] Ce <18 [?]> 19.
Mon cher et illustre maitre, vous étes trop bon d’attacher quelques prix à mes réflexions, c’est l’amitie qui me les a inspirées. M. Suard qui a lu la piece come censeur des spectacles ; M. Turgot à qui on a cru pouvoir la laisser lire sans vous déplaire pensent à peu pres come moi. Nous trouvons également que si vous daignez faire quelques corrections, et vous rendre severe à vous même, il ne vous faudra qu’un peu de tems et de patience pour produire deux ouvrages qui feront époque dans la littérature. Je ne suis point surpris de l’effet que la lecture des deux pieces a faite à Fernei ; <il> J’y ai trouvé de quoi justifier l’enthousiasme et les larmes. Mais songez que vous nous avez accoutumé à la perfection dans les convenances, dans les caracteres, come Racine nous avait accoutumés à la perfection dans le stile que vous seul avez reuni ces deux perfections, et que si on est severe c’est votre faute. <Je> M. d’Argental fera ce que vous souhaitez.
J’ai recu votre nouveau factum en faveur du genre humain, j’en avais déja un éxemplaire que M. Bitaubé m’a apporté. Vous pouvez l’envoier par la poste à M. Turgot. C’est le plus beau sujet de prix qu’aucune académie est [sic] proposé. <[... ?]> Les petits enfans de Me la Duchesse d’Enville partiront vers la fin de fevrier pour Geneve, quoique tres fachés de quitter la maison paternelle l’esperance de vous voir les a presque consolés. Je vous écrirai par eux sur quelques objets que je ne me soucie <pas> de comuniquer ni à la canaille qui ouvre les lettres à la poste, ni a celle qui s’est opposée à l’abolissement de cette violation de toutes les loix de l’equité, |et| de la <decente> decense. Si les méchans voulaient bien s’abstenir seulement des <imfamies> infamies qui ne leur sont bones à rien le genre humain serait délivré de la moitié de ses maux.
[377 v] Adieu, mon cher et illustre maitre, vous connaissez mon respect et ma tendre amitié.
|Je viens d’apprendre par M. d’Argental que vous voulez que Nicéphore ne soit pas trop odieux, il me parait que vous ne pouvez gueres disculper Aléxis qu’en faisant de Nicéphore un tyran, et un Tyran qui a formé le projet de faire perir sa femme, projet <q> dont l’arrivèe d’Aléxis puisse seul empêcher l’éxécuti[on]1La fin de ce mot est masquée par l’onglet.. Le respect d’Irene pour son mari coupable en serait plus intéressant. Les esperances d’Aléxis un peu mieux fondées, et le sacrifice d’Irene d’autant plus intéressant qu’il ne serait plus absolument indispensable. Il ne s’agit pas de frapper juste mais de frapper fort. Vous souvenez-vous de ce mot qui vaut mieux que toute la poëtique d’Aristote.|
[378 r vierge]
[378 v] [Adresse et marques postales]