Transcription
[1 r] ce Mardi 22
du bain ou je suis.
Toutes vos commissions sont faites, monsieur, je viens d’envoyer chez m.r de Clermont les paquets que mr D’Alembert avoit à vous ; et je l’ai prié de voir si les numeros aux quels vous vous interessez portent quelques <numeros> lots , ainsi il vous le dira. Je compte voir ces jours-ci m. l’archevêque de Toulouse, & je lui rappellerai l’interêt que vous prenez à cette abbaye dont vous me parlez, je suis bien persuadée qu’il y aura egard. M. d’Ussé est à Paris, je lui feroi vos complimens. Il est fort occupé de l’agitation où est m.lle sa sœur pour tous les procès de <mr> monsieur votre oncle ; il m’a conté le tout au plus long. Ce que vous dites sur les normans est fort plaisant. J’aurois eté bien aise d’aller à Ablois dans le temps où vous y serez ; mais je vais faire un autre voyage au Bouloi le 7 de septembre jusqu’à la fin, & mr le directeur vient avec moi, pour me diriger à la place de l’academie. Si vous n’etes pas au fait de l’affaire de la compagnie des [1 v] Indes, faites vous donner tous les memoires à Ablois. Il y en aura deux de l’abbé Morellet et un de m.r Neckre ; lisez aussi à Ablois dans l’esprit de Marivaux à la page 97 la lettre d’un Pere sur son fils ingrat. Lisez aussi la fausse delicatesse, comedie du nouveau theâtre anglois traduit par madame Riccoboni ; demandez tout cela à madame de Meulan la jeune. M.r de Clermont vous contera en detail l’etat de made de Brienne. Il y a bien long temps que je ne l’ai vue ; on m’a dit qu’on lui avoit déclaré qu’elle n’etoit plus grosse ; surement cela l’aura très affligée, & j’en suis très fachée. Je ne sais point du tout de nouvelles. J’ai recu hier votre lettre, ainsi je ne puis y repondre plus exactement. Adieu, monsieur, il est très incommode de dicter à un homme aussi admirable que mon secretaire, qui fait d’aussi beaux memoires à l’académie, & qui est aussi maussade à la maison. [2 r] Tout maussade qu’il est, il vous embrasse de tout son cœur, & vous attend à la St Martin.
P. S. Je vous prieroi, monsieur, de me mander d’Ablois, avec toute la verité dont vous etes capable, comment vous aurez trouvé m.r de S.t Chamans, & s’il observe fidelement son regime. Vous voudrez bien l’embrasser pour moi.
[2 v] [Adresse et tarif postal]