Transcription
[7 r] Ce dimanche.
Ma bone amie. L’abbé Bateux est mort et même enterré. Il y a tout lieu d’esperer que M. Le Mierre lui succédera. Sa veuve Malabar enfonce les portes et lime les serrures. Vous croiez bien qu’il n’est pas question de moi dans tout cela. Je reste dans mon coin où je me trouve bien, et je ne demande point plus de places dans la littérature que dans l’état.
M. Thomas n’est pas bien du tout, on craint qu’il ne soit très serieusement attaqué. Ce serait une autre perte que l’abbé Batteux.
Savez-vous que notre ancien ami La Harpe est allé à la campagne comunier avec Me de Genlis. C’est un singulier ragout pour une devote qu’un poete encyclopedi¬que, mais vous connaissez le proverbe on a qui on peut et non pas qui on veut. Le tems des prêtres n’est pas venu encore, et il lui faut quelques années de plus pour se résoudre a prendre un archevêque.
Adieu, ma bone amie, voila ce qu’il y a de |plus| nouveau et de plus interessant à Paris, quand y reviendrez-vous. Les arbres du bois de Boulogne sont superbes, j’ai oui dire à un voiageur que ceux des Tuileries etaient plus beaux que ceux des jardins anglais les plus celebres, revenez voir nos arbres puisque vous ne voulez pas absolument revenir pour vos amis.
A propos le D’epremesnil a denoncé Linguet au Parlement voila deux grands athletes en présence. Embrassez pour moi M. Garat et dites-lui que tout Paris se plaint amerement depuis son départ.
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