Transcription
[36 r] à Berlin ce 17 Avril 1776.
Je profite du depart d'un de nos libraires pour la foire de Leipsic pour vous faire parvenir ce paquet, tres enchanté d'avoir par là une occasion de me rapeller a votre souvenir et a votre amitié. Le Memoire que je vous envois est un de ceux que j'ai donnés dans notre volume pour 1774, lequel ne paraitra peut etre que dans six mois ; comme il a rapport au calcul integral dont vous vous etes occupé si longtems et avec tant de succès, je m'empresse de le soumettre a votre jugement, et je vous prie de m'en dire votre avis librement et sans craindre d'offenser mon amour propre. Si je n'avais craint de trop grossir ce paquet j'y aurais joint deux autres exemplaires du meme Memoire, l'un pour M. d'Alembert, l'autre pour M. de la Place ; mais je compte trouver bien tot une occasion plus commode pour cela ; en attendant vous pourrez le leur communiquer si vous le jugez a propos.
[36 v] Dites moi si votre ouvrage sur les séries est sous presse et quand je pourrai me flatter de le lire. j'en ai d'avance la meilleure opinion, et je ne doute pas qu'il ne soit digne de vous ; la matiere est aussi vaste qu'interessante, et merite a tous egards de vous occuper. Je viens de recevoir le premier volume de vos Memoires de 1772, où j'ai trouvé mon Memoire sur les tables des Planetes imprimé ; je remercie l'auteur de l'histoire de la maniere dont il en a parlé, d'autant plus que je suis persuadé qu'il ne merite pas a beaucoup près les eloges qu'on lui donne. Le petit Memoire de M. de Vandermonde m'a |<plus>|plu|| singulierement ; je vous prie de lui en faire mon compliment. Je ne vous dirai rien de votre grand Memoire parce que <je l’avais deja lu depuis longtems> [37 r] je crois vous en avoir deja parlé dans mes lettres précedentes ; il est rempli d'idées sublimes et fecondes qui auraient pu fournir la matiere de plusieurs ouvrages ; je l'ai relu dernierement avec un nouveau plaisir et je me propose de le relire encore pour en mieux profiter.
Je m'attendais a trouver dans les Memoires de 1772 les Recherches de M. du Sejour sur les racines imaginaires ; peut etre paraitront elles dans la seconde partie de ces Memoires ; je les attend avec impatience, parce que j'ai depuis longtems sur cet objet différens <[... ?]> brouilIons que je brulerai avec plaisir si l'ouvrage de M. du Sejour les rend inutiles. J'apprends qu'il vient de publier un ouvrage sur l'anneau de Saturne ; s'il a traité cette matiere avec autant de netteté et d'exactitude que celle des Cometes, il peut etre assuré du suffrage et de la reconnaissance des savans.
[37 v] Comme je me flatte que vous voyez quelquefois notre illustre Ami M. d'Alembert, je vous prie de l'embrasser pour moi et de lui demander s'il a recu une lettre que je lui ai ecrite il n'y a pas longtems ; elle ne contient rien de particulier ni qui merite reponse, mais seulement l'hommage des sentimens que je lui dois, et dont je me fais un devoir de lui renouveller les assurances de tems en tems. Je suis curieux de savoir la decision de l'Academie touchant le prix des Cometes ; quelle qu'elle soit j'espere pouvoir me mettre sur les rang pour l'année prochaine.
Adieu, mon cher et illustre Ami, conservez moi votre precieuse amitié, et n'oubliez pas celui qui vous aime et vous honore plus que personne.