Transcription
[1 r] Messieurs,
J’ai l’honneur de vous prévenir que j’ai inventé un Instrument à l’usage de lever les Plans, de connoitre les distances des Objets inacccessibles, de mesurer les Élévations, <&> de diviser les Champs inaccessibles & en un mot de faire toutes les Opèrations que l’on fait avec le Graphomêtre, la Planchette & l’Instrument universel, le tout sans Calcul & sans Compas, ou bien avec une simple Multiplication & Divisions.
Comme j’opère sur les Côtez des Triangles sans avoir égard aux Angles qu’on ne peut jamais avoir trés juste, mes résultats sont de la dernière exactitude.
M.r Déferez vient d’en vérifier une à la [1 v] Chaîne d’une étendue assez Considerable. C’est un Moulin-à-vent situé à 1381 Toises d’une Base de 144 Toise que j’avois prise. Comme les deux Rayons visuels dirigés sur ce Moulin, n’ont pûs se couper sur mon Instrument, par son trop grand Éloignement proportionnement à ma Base ; J’ai trouvé son éloignement à 8 Toises & demie près, par une simple multiplication.
Observez Messieurs, que cette difference provient de deux chemins creux qu’il a fallut Traverser & d’une Élévation de 181 Toises de longueur, sur laqu’elle ce Moulin est situé.
Toutes les autres Opérations que j’ai fais en presence de M.r Déférez & d’un Arpenteur de Proffession pour des Distances moins considerables n’ont différées que d’un à deux pieds du véritable Eloignement.
[2 r] Comme je crois rendre un trés grand service au Publique de lui donner un Instrument très simple <el [... ?]> en lui-même trés facile à construire & dont l’usage n’Exige aucune Connoissance des Mathèmatiques, J’ai voulu avant d’Exècuter ce projet, le soumettre à vos lumieres : C’est dans cette vue Messieurs, que je vous prie de m’indiquer le moyen de Vous faire parvenir mon Manuscrit, qui contient trois Parties : Dans la premiere J’indique les principes sur lesquels cet Instrument est fondé, dans la 2e sa Construction avec plusieurs Problêmes sur le Papier, & dans la Troisieme, la maniere d’opèrer sur le Terrein.
J’ai l’honneur d’être avec respect, Messieurs, Vôtre trés humble & trés obeissant serviteur.
Le Ch.er de Moyria1Paraphe bouclé.
Major du Rég.t de la Couronne.
Lille le 7 Avril 1787.
[2 v vierge]