Transcription
[217 r] A Ribemont
Je viens de recevoir votre lettre, mon cher et illustre ami, je ferai ce que vous me mandez pour M. Moscati, mais je ferai l’extrait moi-même la matiere etant assez delicate et le journaliste trop peu philosophe pour se fier a lui. Si par hazard il étoit trop tard vous verriez bien en lisant le journal que l’article ne viendroit pas de moi.
Je verrai avec bien du plaisir tout ce qu’il vous plaira de m’envoier. Vous aurez sans doute parlé dans vos additions à la premiere edition de votre ouvrage sur la gravité des pertubations des cometes et de l’effet de la resistance de l’Ether. Je crois que ce dernier cas est le seul ou il doive entrer des arcs de cercle dans les équations de l’orbite, <je crois> et qu’on la1Lire : le
. peut démontrer sintetiquement même avant d’avoir determiné ces équations. Il me paroit presque impossible de dècider ni par la Theorie ni par les observations si les perturbations doivent produire de ces équations mais aussi il me <p> semble qu’il est fort peu important de le savoir en effet les équations sans arcs peuvent être pour des <cosinus> sinus d’arcs si petits qu’elles representent sensiblement les observations jusqu’au point ou l’on doit avoir egard a l’equation produite par la résistance de l’éther et qui doit contenir un arc. Il n’y a d’embarassant que le cas ou les arcs viendroient exactement a se detruire. Si les nouvelles mesures du meridien sont certaines le problême de la figure de la Terre devient plus insoluble que jamais, vous êtes assurement bien capable de dèbrouiller ce cahos et j’attends avec impa¬tience le resultat de vos réfléxions.
[217 v] J’ai sur les mathematiques pures et particulierement sur le calcul intégral plusieurs mémoires qui paroitront avec ceux des academies de Paris et de Turin . Si vous n’avez pas ces ouvrages mandez le moi et dans le tems je tacherai de vous envoier des exemplaires de ce qui viendra de moi. J’ai fait quelques réfléxions sur le calcul des probabilités, et je me trouve être d’un avis fort approchant de celui de M. d’Alembert . Dites-moi ce que font le comte Verri et le Marquis Beccaria, a quel ennemi de la raison et de l’humanité ont-ils declaré la guerre. Notre parlement de Paris en fait une grande a present mais ce n’est pas aux prejugés ses anciens et fideles amis. Quand je le vois ainsi abandonner le jugement des affaires <particulier> particulieres pour reformer le gouvernement contre lequel il n’a <aucunes [?]> aucune forces2Lire : force
., je crois voir des gens qui aulieu de reparer leurs maisons s’amuseroient a faire des chateaux de cartes. Le vent fait tomber les chateaux, et quoique dise et fasse le parlement un instant de fermeté de la part du roi fera tomber l’aristocratie pétandesque3Lire : pédantesque
. qu’il veut elever sur nos têtes.
Adieu mon cher et illustre ami, comptez toujours sur ma tendre amitié. Je prendrai toujours également part a vos travaux à vos succès, et aux traverses que vos ennemis vous susciteront. La nature place toujours a coté des homes de merite, des persecuteurs, des intriguans et des charlatans, come elle a placé le fleau destructeur de l’humanite dans les parties même destinées à la perpetuer. Je vous embrasse et vous aime de tout mon coeur.
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[218 v] [Adresse]